Chocs, chics et chaire de poule

Classique / cette semaine si vous l'osez, vous deviendrez accros à la musique classique. Deux concerts d'une exceptionnelle richesse musicale, deux occasions d'entendre des œuvres «grand cru» trop peu jouées à Lyon. Pascale Clavel


Premier rendez-vous à la chapelle de la Trinité. Malgré ses 25 ans, le festival de musique baroque de Lyon a conservé intacte sa capacité à surprendre son public. La soirée du 4 décembre risque de déchaîner les passions tant la notoriété du contre-ténor Philippe Jaroussky provoque la même hystérie collective qu'au temps des meilleurs castras. Le public qui vient uniquement entendre cette voix mi ange- mi humaine ferait bien de jeter une oreille très attentive du côté de l'orchestre. Christina Pluhar est à la direction et cette musicienne - qui ne fait pas de bruit - se moque des modes et explore pour notre plus grande joie des terres musicales quasi neuves. Elle s'est fait remarquer par des enregistrements d'œuvres anciennes d'une extraordinaire fraîcheur avec son ensemble l'Arpeggiata. Cette musicienne touche-à-tout qui joue aussi bien du luth que du théorbe, de la harpe baroque, de la guitare baroque, de l'archiluth se passionne pour la recherche musicologique et la direction. Philippe Jaroussky et Christina Pluhar ont tissé là un programme d'une grande sensualité. Ils vont donner à entendre des univers sonores où les voix se frôlent et s'emmêlent : des bijoux baroques peu connus à l'instar du Stabat Mater de Giovanni Felice Sances, chef d'œuvre d'un seicento où le raffinement musical est à son comble. Cher amiSecond moment pour devenir accros, le Stabat Mater de Francis Poulenc proposé par Bernard Tétu, le chœur d'oratorio de Lyon et l'orchestre symphonique Lyon-Villeurbanne. Oui... Bien sûr, on en connaît des Stabat Mater : ceux de Pergolèse et Vivaldi si souvent joués bien souvent massacrés. Celui de Poulenc ne fait pas parti des best of, il n'est que rarement programmé. Pour cause, il demande un orchestre de grande envergure et des chanteurs... à la hauteur d'une partition exigeante. En deux mois, au cours de l'été 1950, Poulenc compose son Stabat pour soprano, chœur mixte et orchestre, en hommage à un ami cher qui venait de disparaître. «J'avais d'abord songé à un Requiem, mais je trouvais cela trop pompeux. C'est alors que j'ai eu l'idée d'une «prière intersessionnelle» et que le texte bouleversant du Stabat me parut tout indiqué...». Lorsque l'on sait que la version de Serge Baudo, avec les mêmes chœurs et l'Orchestre National de Lyon reste l'enregistrement discographique de référence (diapason d'or ), on ne peut qu'avoir envie d'aller à ce concert pour savoir enfin si les mêmes émotions seront au rendez-vous. Parions que oui par le seul fait de la présence de Virginie Pochon, soprano au timbre fruité et à la musicalité jouissive.Beata VergineÀ la Chapelle de la Trinité, samedi 4 décembre 2007 à 20h30Stabat Mater de PoulencÀ la Chapelle du lycée Saint-Marc, le 30 novembre 2007 à 20h30 et le 1er décembre 18h


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