Poétiquement vôtre

Rencontres / La «scène poétique» propose cette semaine deux soirées qui montrent la diversité d'un rendez-vous cherchant à promouvoir la poésie dans tous ses états. Yann Nicol


Depuis bientôt quatre ans, l'écrivain Patrick Dubost, également connu sous le nom d'Armand le poète, anime la «scène poétique» avec un appétit et une curiosité remarquables. Organisé dans les bibliothèques municipales de Lyon, ce cycle alterne les rencontres avec des poètes reconnus (Christian Prigent, Valère Novarina, Yves Bonnefoy...) et des auteurs plus confidentiels dont l'œuvre expérimentale repousse les limites de l'art poétique : performances, installations, poésie sonore, lectures... La semaine qui s'annonce est un parfait symbole de cet éclectisme puisque vous pourrez assister aux performances de nombreux artistes (Véronique Vassiliou, Denis Ferdinande) travaillant avec un support vidéo, ainsi qu'à une rencontre avec un des grands poètes du XXe siècle, Lorand Gaspar. Parmi les poètes-vidéastes qui animeront la soirée du 28 novembre, on retrouvera notamment Emmanuelle Pireyre avec une lecture et la projection de son excellent Mes vêtements ne sont pas des draps de lit. Ce petit film, où elle se met en scène avec humour et inventivité, représente parfaitement la singularité et l'audace de son œuvre littéraire, dont le dernier volet, paru en 2006 dans la collection Fiction et compagnie, nous avait littéralement bluffés. Comment faire disparaître la terre ? proposait de remettre au goût du jour la «femme de trente ans» chère à Balzac en ayant recours à tous les supports : textes, photos, schémas, documents officiels, coupures de presse... Transylvanie, terre de géniesLa soirée du 4 décembre nous ouvrira les portes d'un univers poétique plus «classique» puisqu'il s'agira d'une rencontre consacrée à l'œuvre du poète d'origine hongroise Lorand Gaspar. Un rendez-vous qui coïncide avec la parution du très beau livre que lui consacre Jean-Yves Debreuille chez Seghers (pour la fameuse collection Poètes d'aujourd'hui), dans lequel on retrouve une analyse détaillée de son extraordinaire parcours. Né en 1925 en Transylvanie, une région marquée par plusieurs cultures qui était aussi la terre natale de Cioran, Lorand Gaspar s'installe en France après la seconde guerre mondiale et y devient chirurgien. Son écriture est autant marquée par la pluralité linguistique et culturelle que par un goût du voyage qui le mène de Jérusalem à Tunis et lui laisse un sentiment de fascination intense pour les paysages désertiques. Paru en 1966, Le Quatrième État de la matière est le premier recueil d'une œuvre en majeure partie éditée chez Gallimard (citons Sol absolu et Egée suivi de Judée). On retrouve dans la deuxième partie du livre une anthologie des principaux textes de cet homme de lettres complet, puisque outre des recueils poétiques, il a également publié des carnets de voyage (il est aussi photographe), des essais, ainsi que de nombreuses traductions, de Rilke à Pilinski en passant par Lawrence. Ce n'est pas tous les jours qu'un homme de sa dimension est de passage dans nos bibliothèques.La Scène Poétique, cycle de poésie parléeÀ la Bibliothèque de la Part-DieuLe 28 novembre 2007, à partir de 18h30


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