On dit qu'les Belges n'savent pas rapper...

Musique / Après avoir réussi à imposer le plus improbable des tubes de l'été, James Deano, rappeur belge pertinent et impertinent, s'apprête à conquérir la France avec son premier album. Avant-première en live au Sirius ce vendredi ! Christophe Chabert


Pas facile d'être un "fils de" quand on fait du rap (à la limite, le fils du pute est assez fréquent, si on en croit la plupart des lyrics !)... Prenez le fils d'Henri Verneuil, actuellement en classe à la Star Ac': non seulement il donne envie de s'acheter une 22 long riffle, mais en plus il nous a ôté le peu d'estime qu'on avait encore pour l'œuvre de son père. Fumier, va ! Pendant que ce cirque pénible se déroule dans l'indifférence générale de notre beau pays, la Belgique, véritable sauveuse du monde culturel, a propulsé un énergumène sur les ondes et dans tous les iPods : un dénommé James Deano qui, le temps d'un morceau redoutable, a prouvé qu'on pouvait placer au cœur de l'industrie une bombe à fragmentation alliant intelligence narquoise et capacité à vriller le cerveau. Les Blancs ne savent pas danser commence comme une rengaine facile, à la limite du cliché sur le sujet, pour mieux ensuite le prendre à revers et mettre tout le monde le nez dans ses préjugés. Tout y est tourné en ridicule : les images d'Epinal comme les "blancs frigides et coincés" ou "la joie et la spontanéité de l'Afrique", le grotesque ultime des "chorés de Matt Pokora et de Kamel Ouali"... Le tout avec un flow plutôt bien balancé et un fond musical qui, sans chercher la révolution, ne tergiverse pas pour envoyer tout le monde sur le dancefloor.Branleur de serviceOn attendait donc d'en savoir plus sur ce fameux James Deano, histoire de percer le mystère de ce rappeur belge à l'humour aussi percutant que certains de ses voisins en cinématographe. Mais son premier album étant actuellement sous clé, c'est avec une simple bio que l'on doit décrypter le phénomène. On apprend alors que James Deano est un pur spécimen de la classe moyenne bruxelloise, né dans un quartier pauvre mais vite déménagé chez les rupins du centre ville, où il gonfle d'ennui et de désœuvrement, écoute du hip-hop, va faire le magasinier pour gagner trois ronds, finit par travailler moins et gagner plus avec quelques tombés du camion. Pour couronner le tout et nous le faire aimer vraiment, son premier tube dans son pays s'appelait, ça ne s'invente pas, Branleur de service. Le truc, et c'est là que l'histoire prend tout son non-sens, c'est que James Deano n'est pas le fils caché de James Dean et d'Ursula Andress, mais celui -avoué- d'un commissaire de police. Sacrilège qui voit apparaître la posture débonnaire à partir d'un ADN de flic, mais que James Deano assume à plein : son album s'appellera Le Fils du commissaire. C'est dit, donc plus à dire, juste à écouter, gratis et en live SVP ce vendredi au Sirius, qui devrait tanguer comme jamais car blancs ou noirs, tout le monde va bientôt savoir danser sur James Deano.James DeanoAu SiriusVendredi 7 décembre


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La Choriste