La nouvelle vie parisienne d'OffenPelly

Classique / La Vie parisienne d'Offenbach pour les fêtes de Noël, c'est bien pour un opéra-bouffe. Pascale Clavel


Laurent Pelly redonne souvent à l'opéra-bouffe et à l'opérette leurs lettres de noblesses. Cet homme-là aime rire sans devenir gras, parle du plaisir sans tomber dans vulgaire et reste au service de l'œuvre comme peu de metteurs en scènes y pensent encore. À partir de quelles réflexions avez-vous bâti votre mise en scène ?Laurent Pelly : Je me suis simplement demandé ce qu'était la vie parisienne aujourd'hui. On s'aperçoit en fait qu'on parle du même Paris que celui d'Offenbach. Un Paris du plaisir et de la consommation. Dans un chœur du début du premier acte, il est dit «pour les gens qui sont à leur aise, Paris est un endroit charmant». Effectivement, cela reste contemporain, si on a de l'argent, Paris est une belle ville. Je raconte Paris, je raconte les dandys modernes de la jet set qui ne fichent rien, qui ont plein d'argent, qui ne pensent qu'à s'amuser, qu'à combler le vide et qui sont bêtes comme leurs pieds. Comment la vie parisienne du XIXe siècle peut-elle sonner aux oreilles de nos contemporains ?Ce genre d'ouvrage est très difficile à monter. Il faut trouver une homogénéité et une grande cohérence. C'est la première fois que je fais une production aussi radicalement détachée de son époque. Je me demande toujours comment quelqu'un qui n'a pas de références historiques, culturelles, musicales, peut recevoir cette œuvre sans se dire : «qu'est-ce que c'est que ce vieux truc désuet ?». Pour cette raison, nous avons retravaillé les dialogues pour qu'ils soient plus audibles car, théâtralement, le texte avait pris un gros coup de vieux. Il y a aussi des choses qui marchent d'elles-mêmes. Par exemple, l'arrivée des étrangers à la gare fait penser aux sans-papiers, la présence des douaniers fait forcément penser aux contrôles de police. On a essayé de monter tout cela mais avec distance, humour et dérision. Lorsque l'on monte un ouvrage comme celui-là, il ne faut surtout pas essayer de lui faire dire ce qu'il ne dit pas, il faut aussi qu'on s'amuse.C'est la première fois que vous montez La Vie parisienne. En même temps, elle a été jouée de nombreuses fois. Y a-t-il encore quelque chose de nouveau à dire ?Je connais cette œuvre par cœur depuis trente ans et c'est nouveau de devoir monter une œuvre que je connais très bien. Elle a été jouée et rejouée et je me suis demandé, comment je pouvais contourner un peu les choses. Dans tout Offenbach, ce qui me passionne, c'est qu'il existe une sorte de frénésie pour combler le vide. Une sorte de griserie encore plus visible dans La Vie parisienne. C'est une sorte de mélange entre quelque chose de subversif et scandaleux, mais en même temps il y a quelque chose qui caresse les gens dans le sens du poil. La Vie parisienne d'Offenbach, ms Laurent PellyÀ l'Opéra de LyonJusqu'au 1er janvier


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