L'Être anonyme


Expo / Né à Charenton en 1939, connu des amateurs et beaucoup moins du grand public, Pierre Buraglio effectue ses premiers pas artistiques dans les années 1960-1970 en pleine crise de la peinture, gravite à distance autour du groupe SupportsSurfaces, détourne et donne un statut d'œuvres d'art à des châssis, des enveloppes postales, des papiers d'emballage, des morceaux de cadres ou de fenêtres... Et gagne ainsi peu à peu une réputation de «peintre sans pinceaux». À partir de 2004, il revient au dessin et à la peinture avec des œuvres fragmentaires, bourrées de références à l'histoire de l'art, «pleines» aussi de caviardages, de biffures, de déchirures et de taches. Au sous-sol de la galerie Martinez, on découvrira tout un bric-à-brac désordonné d'œuvres anciennes qui donnent un petit aperçu de l'évolution de Buraglio. Mais le plus intéressant se trouve à l'étage avec la présentation de travaux datant de 2007. Plusieurs toiles énigmatiques sur contreplaqué, tout d'abord, représentant de manière abstraite une ville de nuit (petits rectangles oranges verticaux sur fond noir ou bleu pétrole), ou bien deux paires de chaussures abandonnées sur un sol gris austère, une chemise et une blouse noires accrochées dans le vide... Ensuite, et surtout, une série d'une vingtaine de pièces intitulée Sans identité où la forme simplifiée d'une veste noire sans manches a été reproduite sur différents supports : acier, bois, plexiglas, chiffon, etc. Une veste géométrique indéfiniment répétée qui s'adresse à nous comme un portrait vide et intrigant : celui peut-être du spectateur, celui d'une humanité sans visage ni papiers. Empreinte énigmatique épousant des matériaux bruts et dérisoires, une trace d'homme parmi le rebut du monde et de l'art. Jean-Emmanuel DenavePierre Buraglio, «Sans identité»À la Galerie José MartinezJusqu'au 12 janvier


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Seul sur le ring