Train d'enfer

Cinéma / On n'a pas encore vu grand chose, mais on a déjà rencontré quelques perles dans cette rentrée cinématographique. Et le programme des six mois à venir promet un cru exceptionnel. Christophe Chabert


Les frères Coen, Steven Spielberg, Wes Anderson, Jaume Balaguero, Alex de la Iglesia, Paul Thomas Anderson, Tim Burton, Sean Penn, Emir Kusturica, Ang Lee, Brian de Palma... Si cette liste de cinéastes, qui auront tous un film à l'affiche dans les six prochains mois, ne déclenche pas chez vous un début d'érection, c'est que vous n'avez absolument rien à faire dans les salles de cinéma. On ira même plus loin : rarement semestre s'était annoncé si riche en événements pour le cinéphile. Commençons par l'évidence : No country for old men, le nouveau Joel et Ethan Coen, est une merveille absolue, une sorte de film parfait qui aurait figuré très très haut dans nos palmarès de 2007 si son distributeur n'avait pas attendu six mois après sa présentation cannoise pour le proposer au public français. Polar violent aux relents métaphysiques, il prouve à ceux qui en doutaient encore que les frangins sont des orfèvres en matière de création d'émotions, du rire aux larmes, de la peur primale à l'angoisse existentielle. Chef-d'oeuvre, point barre. Très fort aussi, A bord du Darjeeling limited de Wes Anderson, en plein renouveau de son cinéma après une Vie aquatique qui avait un peu tendance à faire la planche. Ici, la mise en scène souveraine et inventive sert parfaitement un propos touchant sur le non-dit familial et la nécessité du deuil. Quant à Balaguero et De la Iglesia, ils démontrent ce que l'on répète depuis des mois : le cinéma fantastique espagnol est le meilleur du monde, qu'il s'aventure dans le baroque international (Crimes à Oxford avec Elijah Wood) ou le faux-docu de terreur (Rec, co-réalisé par Balaguero et son pote Paco Plaza). Il faut aussi ajouter à la démonstration la sortie de L'Orphelinat, film fantastique qui a fait les beaux jours du box-office espagnol. Va y avoir du sangEn France aussi, on aimerait bien savoir faire des films de genre, mais en général, c'est la débandade. Heureusement, les noms de Nicolas Boukhrief (Cortex, avec André Dussollier) et de Xavier Gens (pour la sortie, tardive, de son vrai premier film, Frontières) sont porteurs d'un espoir réel en la matière. Pour revenir en Amérique et aux pointures déjà citées, signalons une nouvelle collaboration, prometteuse, entre Tim Burton et Johnny Depp (une comédie musicale sanglante baptisée Sweeney Todd), un road movie dans une nature sauvage par ce grand élégiaque de Sean Penn (Into the wild), un faux documentaire sur la guerre en Irak (le controversé Redacted de Brian de Palma) et au rayon «on vous en parle mais vous l'attendez tous», un nouvel Indiana Jones par le trio Spielberg-Lucas-Ford. Mais la surprise pourrait bien arriver du côté du réalisateur de Magnolia, Paul Thomas Anderson. Il aurait, avec There will be blood, réalisé une des œuvres marquantes de 2008. C'est sûr, ça va saigner !


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Beau programme !