So British

Figures / Héros anglais décadents, ils ont montré le très british chemin de l'excès à Pete Doherty. SD Dorian Gray


Si Dorian Gray avait vécu à notre époque, comme l'a fantasmé l'écrivain Will Self avec Dorian, relecture 2.0 du chef d'œuvre d'Oscar Wilde, on aurait pu également lire la chronique quotidienne de sa dépravation dans les tabloïds anglais. C'est à cette presse bis que Pete a abandonné la critique de son chantier individuel d'autodestruction, performance in vivo mêlant l'adage wildien de Dorian «faire de sa vie une œuvre d'art», père du «vivre vite, mourir jeune». Les deux, Dorian et Pete, sont des figures indétrônables d'une culture populaire anglaise qui a toujours fondu devant le mélange 50% gentleman, 50% raclure, pressenti chez Stevenson avec Jekyll & Hyde.Sid ViciousAs de la défonce, le bassiste approximatif des Sex Pistols est la première rock star sans œuvre. Bénéficiaire du cynisme du manager Malcolm McLaren qui trouvait vendeurs ses airs de goule trisomique, il était surtout un virtuose de la chaîne de vélo (avec laquelle il molestait tout ce qui passait : rivaux, journalistes, fans). Reste cette reprise légendaire du standard My Way, chanson de geste punk et manifeste du «Do It Yourself», dont le clip le montrait réalisant l'ultime fantasme des surréalistes : tirer sur la foule. Paul GascoigneLa liste est longue des idoles du foot britannique qui ont dissout leur talent parce que le sport n'était pas leur préoccupation première (mais la quatrième après l'alcool, la baston et les bordels thaïlandais) : George Best («En 1969, j'ai arrêté les femmes et l'alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie»), Vinnie Jones, Tony Adams, Roy Keane, Dennis Wise ou Joey Barton (actuellement emprisonné pour violences diverses). Bedaine de docker et panse de brebis en guise de cervelle, Paul «Gazza» Gascoigne fut le plus grand d'entre eux. Génie incontrôlable de la balle au pied et de la main au godet, les Anglais ne l'échangeraient pas contre tous les Zidane du monde. Chez eux, un type qui boit de la Volvic dans les vestiaires, ça fait mauvais genre.


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