Freire, leur père à tous

Entretien / Jérôme Chabannes, directeur artistique de Piano à Lyon est un homme heureux. Voilà qu'à mi-parcours d'une saison où valsent déjà les pianistes les plus prestigieux de la planète, arrive le monstre sacré, LE pianiste des pianistes, le virtuose à ne pas manquer : Nelson Freire. Jérôme Chabannes peut être aux anges, Freire est une denrée précieuse. Il est un de ces rares pianistes à toujours trouver l'équilibre subtil entre l'intime et l'universel. Pascale Clavel


Petit Bulletin : Vous allez recevoir un géant du piano, Nelson Freire. Que diriez-vous du programme qu'il a choisi pour Piano à Lyon ?
Jérôme Chabannes : C'est la première fois que j'ai la chance de le recevoir dans un contexte «professionnel» et, bien entendu, je suis enchanté qu'il ait accepté cette invitation aussi spontanément, malgré un calendrier plus que chargé.Son programme, il l'a choisi et je trouve qu'il lui ressemble. C'est un programme varié. Il avait proposé au début les Préludes de Debussy, mais a souhaité les remplacer par les Scènes d'Enfants de Schumann et la Troisième Sonate de Chopin. Quant à Mendelssohn et Beethoven, ce sont aussi ses compositeurs favoris. J'aurais aimé un peu de Villa Lobos, «sa» musique, mais bon, peut-être en bis ?
Martha Argerich m'a présenté Nelson Freire, il y a une quinzaine d'année. Son génie a toujours été reconnu, même lorsqu'il n'enregistrait pas pour DECCA. Il participait à de grands festivals, jouait avec les grands orchestres internationaux. Aujourd'hui c'est la consécration mais notre relation est restée la même, sa simplicité aussi. Piano à Lyon est en plein milieu de sa saison, à chaque rendez-vous le public répond présent. Que dire de ces quatre moments passés ?
Si j'en juge par les réactions du public, le bilan artistique est très positif ! Nous avons eu la chance d'entendre des solistes dont l'univers artistique est très différent, dans des répertoires éclectiques. Du Lied (avec Michel Dalberto et Stephan Genz), de la musique de chambre (avec Philippe Bianconi), du répertoire solo mais aussi avec Cédric Tiberghien, allant du romantisme allemand en passant par la musique française et espagnole. Tous pianistes et des styles tellement différents voire opposés. Pour les artistes à venir, pouvez-vous nous éclairer sur la particularité de chacun ?
J'aime le classicisme de François Frédéric Guy. C'est une personnalité forte, avec un jeu puissant, qui convient à merveille à Beethoven. Quant à Vladimir Sverdlov, lauréat des Piano Masters de Monte-Carlo, il m'a séduit par ses interprétations débordantes d'imagination, son rubato ultra personnel. Nicholas Angelich séduit par son jeu clair, sa technique sans failles, sa sonorité ample. Avec lui tout semble facile. Bertrand Chamayou est notre coqueluche ! Il interprètera une transcription rare de Harold en Italie de Berlioz avec Antoine Tamestit, jeune altiste de la génération montante, également Victoire de la Musique en 2007 ! Quant à Antoine Tamestit, c'est un poète...Nelson Freire. À la Salle Molière. Lundi 21 janvier


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