Quatre visions des Coen
publié dans Cinéma par Christophe Chabert le Mercredi 30 janvier 2008
Rétro / L'Institut Lumière propose ce trimestre neuf films des frères Coen, parmi lesquels les chefs-d'oeuvre que sont Blood Simple, Barton Fink, Fargo et The Barber. En quatre images et quatre thèmes, promenade dans les méandres d'une filmographie passionnante. CC
EspacesDu champ de maïs au petit matin dans Blood Simple au désert de No country for old men, en passant par la plage de Barton Fink, la forêt de Miller's crossing ou les vastes plaines enneigées de Fargo (photo), les personnages des frères Coen font l'expérience du vide existentiel face à une nature elle-même désolée.CrétinsChez les frères Coen, on n'est jamais très malin. George Clooney, bagnard évadé et gominé dans O'Brother ou avocat égocentrique dans Intolérable cruauté (photo), en est le meilleur exemple. Les gangsters italiens de Miller's Crossing, les tueurs de Fargo, le nigaud naïf du Grand saut ou le coiffeur impassible de The Barber ne brillent pas non plus par leur Q.I. Mais la tendresse des cinéastes pour ces idiots est manifeste, notamment pour le plus grand d'entre eux, le Dude du Big Lebowski.Ange noirLe tueur à l'air comprimé de No country for old men n'est que la dernière incarnation de ces anges de l'apocalypse qui parsèment le cinéma des Coen. Le biker hirsute d'Arizona Junior, le VRP meurtrier de Barton Fink, le privé sans scrupule de Blood Simple (photo), les deux psychopathes de Fargo : le mal absolu arrive de nulle part et n'est que rarement puni, sinon dans les flammes de l'enfer qu'il a allumées.Dieu ?S'il y a des diables, il doit bien y avoir un Dieu... Est-ce le vieux Texan de The Big Lebowski qui fait la morale de la fable ? Le géant en carton dans Fargo qui observe la tragédie sanglante ? Le shérif fataliste de No country for old men qui regarde le monde s'enfoncer dans le chaos (photo) ? À moins que tous ne soient que le signe d'un abandon de l'homme à sa triste condition, chœur antique chantant son impuissance à infléchir le cours du destin.Rétrospective frères CoenÀ l'Institut LumièreJusqu'au 4 mars