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Actu / Grande absente des débats et des programmes pendant l'élection présidentielle, la culture revient sur le devant de la scène... À l'horizon : gel des subventions et mobilisation. Dorotée Aznar


«Nous sommes dans une conjoncture difficile et il faut se mettre dans l'idée que cela risque de durer un peu», déclarait Jérôme Bouet, le Directeur Régional des Affaires Culturelles en Rhône-Alpes, il y a quelques mois. L'avenir lui aura donné raison... au moins sur ce dossier. Le budget de l'État en 2008 prévoit en effet une baisse d'environ 6% de l'ensemble des crédits alloués à la culture, une situation dénoncée à la fois par les élus locaux et les directeurs d'institutions culturelles. Ce désengagement de l'État frapperait en effet toutes les structures culturelles, qui craignent de devoir reporter ces baisses de budgets sur la création. Moins de créations, moins de représentations mais surtout une situation particulièrement floue. «On n'a jamais vu une telle improvisation», s'insurge Patrice Béghain, adjoint au maire de Lyon délégué à la Culture «aujourd'hui, aucune structure ne peut dire exactement quelle subvention lui accordera l'État en 2008». En Rhône-Alpes, on estime que la baisse de subventions allouées au spectacle vivant pourrait atteindre les 2, 4 millions d'euros, mais le cinéma, le livre, l'art contemporain et le patrimoine seront également concernés par les baisses du budget. À Chacun sa partCerise sur le gâteau culturel, Madame Albanel, la ministre de la Culture a décidé de geler toutes les attributions de labels en 2008. Première victime : le Théâtre de la Croix-Rousse qui devait devenir une Scène Nationale en 2008. Comptes dans le rouge et bec dans l'eau, le directeur du théâtre peste contre cette remise en cause de la parole de l'État qui pourrait priver son théâtre d'une subvention de 100 000 euros par an. Après les constats amers, les acteurs culturels entrent désormais dans une phase de mobilisation. Tandis que le directeur du théâtre de la Croix-Rousse engage le bras de fer se disant «prêt à se battre», un appel au rassemblement des artistes, techniciens, structures, théâtres et syndicats à été lancé à l'initiative du Conseil Interprofessionnel du spectacle vivant en Rhône-Alpes, mercredi 30 janvier à 14h30 devant la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), à Lyon. Quant aux professionnels du cinéma travaillant dans des salles indépendantes, ils envisagent une première intervention le 22 février, pendant la cérémonie des Césars (voir notre encadré). À l'heure où le président de la république souhaite «que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public» au nom de «l'obligation de résultat», les acteurs culturels se demandent simplement «quelle place on souhaite accorder à l'art et aux artistes dans ce pays».


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