Tétu ce Brahms


Classique / Requiem suivi d'allemand précédé de un... Ça ne colle pas vraiment. Lorsque tous les compositeurs, d'Ockeghem à Ligeti, jouent le jeu d'un texte latin immuable et incompressible «Requiem aetrenam dona eis Donine...», Brahms fait sa sauce. Il prend par ci voire par là des bribes de textes du nouveau testament. Il bricole et compose son Requiem allemand en deux versions. L'une pour orchestre et chœurs, l'autre dite «de Londres», qui est en fait un arrangement pour solistes, chœurs et piano à 4 mains. On peut définir cette œuvre comme l'aboutissement de la spiritualité chez un grand agnostique. Rien n'est religieux, tout est réflexion tendrement humaine. Les textes choisis par Brahms évoquent la mort bien sûr, mais ils rendent surtout compte du caractère éphémère de la vie et exposent l'idée d'une consolation humaine universelle. Cette attitude, peu orthodoxe mais tellement spirituelle est très répandue au XIXe siècle. Bernard Tétu, fasciné depuis toujours par cette œuvre hors-cadre, la dirige dès qu'il peut dans la version de Londres. On le connaît cherchant sans cesse l'intimité d'une œuvre, on l'imagine creusant dans les moindres recoins de la partition pour extraire des zones peut-être encore vierges de sens. On le sait travaillant à une interprétation neuve pour chaque concert. Bernard Tétu, ses 16 chanteurs et les deux pianistes (les excellents Valérie Pley et Philippe Grammatico) n'auront aucun mal à séduire parce qu'ils savent mettre en valeur tous les reliefs, tous les contrastes de la partition sans les rendre artificiels. Tétu imposera sans problème sa vision colorée, nimbée de mystère et saura insuffler une véritable dimension poétique. Pascale ClavelUn Requiem allemand (version de Londres)Johannès Brahms / Solistes de Lyon - Bernard TétuÀ la chapelle du lycée Saint-Marc, samedi 9 février


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