Pas trop tôt

Musique / Révélé par le tremplin Dandelyon, Coming Soon sort son premier album, tandis que ses membres se font entendre jusqu'à Hollywood. Ils seront en concert le 16 février 2008. Christophe Chabert


Quand on titrait, il y a six mois, «Bientôt dans vos oreilles» à propos de Coming Soon, folk-band annecien en voie de consécration (inter)nationale, on ne pensait pas si bien dire. Car avec la sortie de New Grids, quatorze morceaux à découper soi-même avec son Ipod, les jeunes (et moins jeunes) membres du groupe prouvent qu'ils peuvent mettre sur disque la même sincérité et la même générosité que sur scène. Leur éducation musicale respective formant une cartographie de ce que le rock américain produit de meilleur (de Nick Cave à Silver Jews en passant par Johnny Cash et les Moldy Peaches), l'album ressemble à une exploration façon puzzle de cette érudition soigneusement digérée. Car, pour ceux qui n'ont pas suivi, rappelons que le groupe s'est formé il y a un peu plus d'un an par la réunion de plusieurs projets tous localisés dans la petite Venise des Alpes. Du coup, les cinq membres sont tous un peu chanteurs, et tous un peu (beaucoup !) musiciens, même s'ils n'ont pas forcément les mêmes influences. C'est ce qui donne son côté «compilation» à l'album : les interprètes se succèdent dans leurs registres respectifs, glissant du rock sombre à l'antifolk juvénile en alignant une suite massive de morceaux sélectionnés, à la façon du Gringo dans la pub Jacques Vabre, pour leurs arabicas exceptionnels.Big BoysOn connaissait déjà les merveilleux What you've left behind, Jack Nicholson style, Home from the blues ou See the future, quatre morceaux ravageurs ; on découvre avec plaisir leur nouveau tube en puissance, Big boy. Leur répertoire, plutôt bien garni pour un si jeune groupe, a été parfois sauvagement dégraissé de titres qu'on pensait incontournables (The Escort, notamment, laissé mystérieusement au rencard), mais Coming Soon a voulu rester fidèle à son credo de départ : toujours inventer, ne pas se répéter, ne surtout pas ennuyer. Et ça marche : l'album en main, on pourra enfin apprécier l'humour tordu qui circule dans les paroles, et louer une production discrète qui reflète la spontanéité du groupe sans chercher à mentir sur ses carences techniques (assumées). C'est bien pour cela qu'on les aime ! Et nous ne sommes visiblement pas les seuls... Le jour de la sortie de l'album, Juno débarquait sur les écrans de cinéma français. Pour ceux qui resteront jusqu'à la fin du générique, ils y entendront certains membres du groupe accompagner Kimya Dawson, et même le prodige Leo Bear Creek (14 ans !) tout seul au ukulele le temps d'une chanson. Le film vient d'obtenir 4 nominations aux oscars ; ça s'appelle une success story !Coming Soon«New Grids» (Kitchen music/PIAS)En show case à la FNAC Bellecour et en concert au Sonic le 16 février


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