«Le spectacle est aussi dans la salle !»

Entretien / La Nuit des Publivores débarque à Lyon les 15 et 16 février. À cette occasion, Jean Marie Boursicot, le créateur de l'événement revient sur son concept. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Petit Bulletin : Pourquoi avez-vous décidé de créer cet événement ? Étiez-vous un professionnel de la publicité ?
Jean Marie Boursicot : J'ai toujours été passionné par le cinéma, mais je ne voulais pas en faire mon métier. Quand j'étais petit, j'habitais à Marseille et je demandais aux techniciens des salles de cinéma de me donner des morceaux de films. Bien sûr, ils ne me donnaient pas des morceaux de longs-métrages, mais les publicités diffusées lors des entractes et j'ai commencé à les collectionner. J'ai ensuite fait des études sans aucun rapport puisque je suis devenu juriste d'entreprise... avant de me dire que ce n'était pas vraiment fait pour moi et de me diriger vers la publicité. Je donc suis entré chez Publicis, à Paris, où l'on m'a fait travailler sur des publicités pour des lessives...
Terrifiant ! Cette expérience m'a surtout permis de me rendre compte que les agences de pub ne gardaient pas les films qu'elles réalisaient. J'ai donc décidé de démissionner de chez Publicis et de créer une cinémathèque. Comme il me fallait de l'argent pour financer mon projet, j'ai organisé une soirée payante, c'était en 1980, la première Nuit des Publivores. La soirée a bien marché et nous avons recommencé les années suivantes.La Nuit des Publivores, c'est de la publicité ou du cinéma selon vous ?
Pour moi, ce n'est pas une soirée de pubs, c'est une soirée de cinéma. Bien sûr, il y a des films merdiques, c'est comme avec les longs-métrages !Comment expliquez-vous le succès de ces soirées ?
Dans les années 80, l'image de la publicité était très positive et les films publicitaires étaient de bonne qualité. Ce qui m' a aidé également c'est la diffusion d'une soirée à la télévision (sur Antenne 2 à l'époque) et ensuite, j'ai laissé faire le bouche à oreille. Je n'ai jamais prospecté et pourtant, aujourd'hui, nous sommes présents dans 160 villes et dans 45 pays. C'est étonnant, mais je suis le seul à travailler dans ce domaine, les professionnels de la publicité ne s'intéressent pas à leur passé. Comment choisissez-vous les publicités qui sont diffusées pendant les soirées ?
Je reçois 25 000 films par an et environ 400 sont diffusés pendant la soirée. La sélection est très sévère, mais je ne choisis pas forcément les meilleures publicités. Pour moi, il faut que les films racontent une histoire, qu'ils soient mis en scène ou qu'il y offrent un certain «regard». Dans la sélection finale, quand le montage est fait, je m'aperçois que presque tous les films retenus sont musicaux...Vous diffusez toujours les publicités dans leur intégralité ?
J'obéis à certaines règles : je ne suis pas là pour dire du bien des annonceurs, mais je ne suis pas là non plus pour que dire du mal du produit. J'essaie de rester neutre au maximum. J'ai également un accord avec les agences de publicité qui me donnent leurs films, je passe toujours les publicités dans leur intégralité et je ne leur fais jamais dire ce qu'elles ne disent pas, je ne détourne pas leur sens.Quel est le public qui fréquente ces soirées ?
La Nuit des Publivores est un spectacle de villes car à la campagne, on ne comprend pas vraiment que l'on puisse payer pour voir des pubs... Le public est principalement composé d'étudiants, mais pas forcément d'étudiants en communication ! Je dirais que les spectateurs ont généralement entre 15 et 30 ans et qu'ils viennent souvent en groupe. En fait, dès qu'ils sont mariés, il semble qu'ils ne viennent plus ! Ce sont des jeunes qui aiment sortir et qui aiment le cinéma sans pour autant être des cinéphiles invétérés...La Nuit des Publivores, c'est aussi l'occasion de faire tout ce que ne peut pas faire habituellement dans un cinéma ?
Il y a une grande interactivité entre la salle et la scène. Le public réagit et participe : on siffle, on hue ou on applaudit, quand les films sont très bons ou très mauvais... Le spectacle est aussi dans la salle ! La Nuit des Publivores - Au Ninkasi Kao - Les 15 et 16 février 2008, de 21 heures à 4 heures


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