Du travail de pro


Expo / Né en 1976 à Berne, diplômé des Beaux-Arts de Lyon en 2003, installé en rase campagne près de Crest, le jeune Mathias Schmied est un artiste atypique et déjà reconnu sur la scène internationale. Son «truc» c'est le cutter ou le scalpel avec lequel il évide des comics de Spiderman, éviscère des pin-up de magazines pornographiques, découpe des personnages de la culture populaire, ou bien dernièrement, des crânes avec leurs coulures de peinture. Tout cela pourrait sembler «gore» ou macabre, mais en réalité les œuvres de Mathias Schmied sont élégantes, fragiles, délicates, toujours sur le fil du rasoir entre violence et beauté, disparition et apparition, rebut et précision d'orfèvre. «Je recrée quelque chose en détruisant des images, je leur donne une nouvelle valeur plastique… Mon travail est au fond assez brutal, même si finalement mes images apparaissent assez «belles»…» Son influence majeure est le cut-up de Burroughs, mais aussi la musique (Bashung, Deus, Sonic Youth, Led Zep'…) qui l'accompagne quand il travaille (de nuit), et que l'on pourra entendre en découvrant son exposition à la galerie Houg. On y verra nombre de vanités récentes, des déclinaisons de son travail sur Spiderman et bien d'autres choses… Mais cette exposition est aussi et avant tout une exposition à quatre mains, avec l'artiste Nicolas Ledoux qui présente parallèlement de grands dessins complexes et prolifiques, tels de grands bateaux ivres à la Rimbaud ou des nefs à la Bosch, chargés de références à l'histoire de l'art, à la religion, à la BD et au rock. Les deux complices signent encore des œuvres en commun, où les crânes de l'un viennent par exemple s'imprimer sur les dessins de l'autre. L'ensemble fonctionne formidablement bien et constitue l'une des expositions les plus stimulantes du moment ! Jean-Emmanuel Denave


<< article précédent
Sans plus attendre