“Béghain était un bon choix”

Entretien / Gérard Corneloup, écrivain et bibliothécaire, fait le bilan de 18 années de politique culturelle à Lyon. Propos recueillis par Christophe Chabert


Quels ont été les choix marquants des différents adjoints à la Culture depuis Michel Noir ?Gérard Corneloup : Sous Michel Noir, Jacques Oudot a tranché avec ses prédécesseurs : c'était un médecin, avec du caractère. Il était aussi à la Région, il avait la double casquette, on peut discuter si c'est bien ou pas… Mais il avait une grande profondeur de vue. Il était très intéressé par la création, c'était un peintre amateur. Il a fondé le Prix Rhône-Alpes du Livre, transformé Octobre des arts en Biennale d'art contemporain, présidé à la rénovation du Musée des Beaux-Arts et à la réouverture de l'Opéra. Et avec Raymond Barre ?C'est Denis Trouxe qui prend la suite. Son action la plus marquante, c'est en 1998 le classement de Lyon au patrimoine mondial de l'UNESCO. Par ailleurs, il a décidé de la restructuration du Musée Gadagne, et lancé la première grande médiathèque, celle de Vaise. Ensuite, nous arrivons au futur ex-adjoint, Patrice Béghain. C'est quelqu'un d'intelligent, un universitaire, mais plus que ça, il connait les réalités financières du ministère. Pour moi, c'est un bon choix. Il y en a toujours qui rouspètent, notamment les petites troupes de théâtre. Mais c'est une tradition, ça a été comme ça pour les six derniers adjoints… Il faut aussi souligner l'importance du patrimoine pour Béghain : les liens avec l'état pour travailler sur Ainay, sur Saint-Bruno des Chartreux.Est-ce que sous la mandature Collomb, la culture n'a pas été divisée en deux : la culture au quotidien pour l'adjoint, l'événementiel pour le maire ?Pour moi, la culture, c'est tout sauf de l'événementiel. On est cultureux le matin quand on se lève ! Ce n'est pas strass et paillettes, la culture, c'est une démarche personnelle. Si c'est pour faire du show, une boîte de com' suffit. Ce n'est pas une attitude de gauche de penser qu'il faut des boutiques de luxe à la place de l'hôtel Dieu ! Il faut un futur adjoint qui ait de la personnalité pour faire comprendre au maire que la culture doit être pensée au quotidien. Le bruit court qu'il y aurait deux adjoints à la culture ; ça n'a rien d'extraordinaire, j'ai connu ça en 1975, où il y avait l'adjoint au spectacle vivant et l'adjoint au patrimoine.


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