Collomb, avant / après

Municipales / Gérard Collomb, maire (PS) de Lyon dresse le bilan de son action dans le domaine culturel et évoque ses projets pour un éventuel second mandat. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Petit Bulletin : Les budgets investis pendant votre premier mandat ont-ils changé la vie culturelle à Lyon ?
Gérard Collomb : Nous sommes à 20% du budget de fonctionnement de la Ville pour la culture, ce qui veut dire que nous subventionnons beaucoup. Nous avons par ailleurs investi 100 millions d'euros, donc je pense que cela a effectivement changé la culture à Lyon… Nous avons souhaité que les grosses structures puissent s'ouvrir sur les petites dans une dynamique de «portage», par exemple quand le ballet de l'Opéra de Lyon soutient les Pockemon Crew…
Nous avons ouvert un certain nombre de structures comme le Théâtre du 8e ou les Subsistances, qui ont permis d'accueillir des formes nouvelles de création. L'une des premières décisions que nous avons d'ailleurs été amenés à prendre a été d'installer Guy Walter aux Subsistances. À l'époque, cela avait provoqué un certain remous… Dans votre programme, vous suggérez de créer des friches artistiques, qu'entendez-vous par là ?
À l'époque, si j'avais eu à prendre la décision de refaire ou de ne pas refaire les Subs, je leur aurais donné un caractère plus brut. Quand on a fait la Sucrière, on n'a pas ravalé les murs, nous voulions garder ce caractère brut.Dans les galeries new-yorkaises, on voit que l'art contemporain se développe dans des vielles friches industrielles.
C'est ce que nous voulons faire à Lyon car je pense qu'on ne peut donner naissance à une culture émergente que dans des lieux qui ont un caractère un peu spécial. Le Théâtre des Célestins n'est pas fait pour accueillir la création contemporaine… Je souhaite par exemple que la friche RVI redevienne un lieu où les différents collectifs pourront s'exprimer. L'art avance avec la ville, certains lieux deviennent plus institutionnels, mais il faut laisser des espaces de créativité Si vous êtes réélu, quels budgets seront alloués à la culture ?
En fonctionnement, aux alentours de 20%. Je pense que Lyon est l'une des villes françaises où l'on donne le plus. C'est vrai que l'on subventionne des grosses structures mais en même temps on a doublé le budget du Fonds d'Intervention Culturel pour les petites compagnies (FIC) et on a crée le Fonds d'Intervention Musiques Actuelles (FIMA) qu'on a doté. Je pense poursuivre dans cette voie. Il faut donner aux structures les moyens de se développer sans nuire à la possibilité de financer les petites compagnies. J'ai 60 ans et tous ceux que j'ai vus émerger il y a trente ou quarante ans, c'était dans des petits lieux. Il n'est pas question pour vous de compenser le désengagement de l'État dans le domaine culturel ?
Il est clair que nous allons avoir un très gros problème. Les collectivités locales ne pourront pas compenser, d'autant plus que le désengagement de l'État ne se manifeste pas uniquement au niveau culturel. Nous allons devoir faire des choix. Les deux grands projets culturels que vous annoncez dans votre programme sont la création d'un festival de cinéma avec l'Institut Lumière et d'un festival en bord de Saône. Comment ces festivals seront-ils financés ?
Il y aura des financements de la Ville pour ces événements. Concernant le festival de cinéma, avec Thierry Frémaux (le directeur de l'institut Lumière, NdlR) nous envisageons un aspect muséal, c'est-à-dire montrer des films anciens restaurés et un aspect carte blanche donnée à un grand cinéaste. En même temps, il faut imaginer le croisement entre le cinéma, le jeu vidéo, ce que permet aujourd'hui le numérique… Il ne faut pas être simplement dans la commémoration du passé mais aussi dans la création. Quand aurait lieu le festival sur les berges de la Saône ?
L'idée du festival des Merveilles est celle de Guy Walter. Ce projet est évidemment lié à la réhabilitation du fleuve. On pourrait organiser ce festival entre le 1er et le 14 juillet, car les lyonnais sont encore là, il y a des touristes potentiels et pourtant il y a un creux dans la saison culturelle absolument énorme. Créer un événement culturel à cette période me semble donc judicieux. Vous annoncez également des créations de salles de spectacles…
Je suis en train de faire le point avec les acteurs culturels dans le domaine de la musique. Ils me disent qu'il manque à Lyon un espace de type Zénith (mais sans les normes drastiques des zéniths) totalement conçu pour la musique et qui assure un relais entre le Transbordeur et la Halle Tony Garnier. Je pense qu'il est tout à fait envisageable de créer une salle de ce type. Mon second projet concerne l'art contemporain. Aujourd'hui, nous avons de très belles collections qui sont des les hangars et que l'on ne montre jamais. L'idée est d'avoir un lieu à la Sucrière pour les expositions temporaires et de garder le Musée d'Art Contemporain pour les expositions permanentes. Au niveau des musiques actuelles encore, conserverez-vous un chargé de mission musiques actuelles ?
Oui. Je pense que dans le domaine des musiques actuelles, il y a eu une vraie évolution en sept ans. On a aujourd'hui une scène lyonnaise qui dépasse les frontières régionales. Je pense par ailleurs que des événements comme Nuits Sonores ont attiré l'attention sur la scène musicale lyonnaise. Il y a une sorte «d'effet cumulé».


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