Mad Detective

de Johnnie To et Wai Ka-Fai (HK, 1h29) avec Lau Ching-Wan, Kelly Lin…


La relative déception occasionnée par ce thriller métaphysique mérite quelques éclaircissements.
Johnnie To est l'auteur des polars hongkongais parmi les plus originaux et emballant de la décennie écoulée. Quasiment à lui seul, il tient les rênes de ce qui reste de l'industrie cinématographique de l'archipel, à la tête de sa société Milky Way
. Une omniscience (à l'image de celle de Tsui Hark dans les années 80 / 90) qui ne manque pas d'entraîner des redites, des redondances dans sa propre filmographie, comme peut en témoigner ce Mad Detective. Le script (un flic extralucide, grillé pour ses méthodes peu orthodoxes, retourne aux affaires pour enquêter sur un meurtre non élucidé) devient peu à peu une relecture ramassée de son précédent Running on Karma, la partie policière de l'intrigue fait des clins d'œil très appuyés à PTU… Le tout dans une forme lissée – tout du moins par rapport aux expérimentations esthétiques et narratives auxquelles ce cinéaste d'exception nous avait habituées. La vision de Mad Detective n'en devient pas pour autant pénible, mais à force d'user de références, Johnnie To et son fidèle co-réalisateur Wai Ka-Fai nous donnent la désagréable sensation de tourner à vide, de ressasser les mêmes gimmicks sans forcément les remettre en perspective. Il faut attendre le stupéfiant climax final, où toutes ces citations et autres sources d'inspiration seront démontées une par une, au cours d'un jeu de massacre aux implications vertigineuses. Et là, on s'en veut d'avoir douté de la capacité de Johnnie To à se remettre en question, tant la lecture du film dans son ensemble est bouleversée par un maelström d'émotions complexes, de doutes psychologiques puissants. Dans la filmographie du metteur en scène, Mad Detective est un film mineur, mais des films mineurs de ce calibre, on est prêt à s'en “infliger“ tous les jours.François Cau


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