Les Femmes de l'ombre

de Jean-Paul Salomé (Fr, 1h58) avec Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain…


Les Femmes de l'ombre condense de manière spectaculaire tout le malaise que l'on peut ressentir face au cinéma français. Sur le même sujet (le rôle des femmes pendant l'Occupation), Éric Rochant n'avait jamais pu trouver le financement nécessaire au tournage de son film. Pourquoi Jean-Paul Salomé, après deux indiscutables nanars (Belphégor et Arsène Lupin), a-t-il réussi, lui ? Parce qu'il se plie sans barguigner aux doléances aberrantes des coproducteurs. Par exemple faire un film sur la Résistance sans la moindre goutte de sang et où la torture la plus cruelle se limite à arracher un ongle : pas de souci pour le prime time, et qu'importe si la réalité de la guerre en ressort édulcorée. Le cinéaste ne se pose pas beaucoup de questions de toute façon, comme en témoigne la manière dont il dissout l'ambiguïté d'un des personnages (la catholique fervente jouée par Deborah François, qui trahira pourtant l'organisation) dans un plan sulpicien particulièrement malvenu. Piètre directeur d'acteurs, il ne sait même pas quoi faire d'un casting pourtant prestigieux, le noyant dans ce roman-feuilleton qui raconte quand même une des pages les plus sombres et les plus héroïques de notre Histoire. Qui ne méritait pas pareilles fadaises !CC


<< article précédent
L’Heure d’été