Les (H)auteurs des Reflets

Festival / Outre sa rétrospective fantastique, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain proposent une riche programmation de films inédits. CC


Espagne
Au moment de programmer La Soledad, deuxième film de Jaime Rosales (photo), les organisateurs des Reflets ne se doutaient pas qu'il raflerait aux Goyas (équivalent espagnol des Césars) les statuettes prestigieuses du meilleur film et du meilleur réalisateur, au nez et à la barbe de… L'Orphelinat ! Rosales, comme Kechiche chez nous, est le représentant d'un cinéma d'auteur sans compromis, ce que prouvait déjà son précédent Las Horas del día. On pourrait dire la même chose d'Icíar Bollaín : actrice découverte dans Land and freedom de Ken Loach, elle s'est depuis affirmée en tant que réalisatrice avec les intimistes Hola ¿ estas sola ? et Ne dis rien. Son dernier film, Mataharis est un portrait croisé de femmes dans le Madrid d'aujourd'hui. Mexique
Précédé d'une rumeur flatteuse, La Zona est le premier long de Rodrigo Pía. Le sujet, proche de celui traité par J. G. Ballard dans Super-Cannes, montre comment un pavillon résidentiel où les habitants ont installé un rigoureux dispositif de sécurité est frappé de l'intérieur par un crime violent dont le seul rescapé est un enfant. Autre premier film, Pièces détachées d'Aaron Fernandez est une œuvre sociale où un père initie son fils au trafic de pièces détachées pour payer le passeur qui leur permettra d'immigrer aux États-Unis. Portugal
Manoel de Oliveira a 100 ans, et le festival célèbre l'anniversaire de ce cinéaste increvable en projetant son premier et son dernier film. Aniki Bobo est une sorte de Los Olvidados portugais, à cette nuance près que Buñuel tournera son film… dix ans après celui de Oliveira, mais avec le même sujet, les enfants des rues dans une capitale hostile. Par une ironie que le maître ne renierait pas, c'est justement à Buñuel qu'il rend hommage en 2006 en tournant une suite irrévérencieuse à Belle de jour : Belle toujours, où Bulle Ogier remplace Catherine Deneuve, pour une réflexion sur le temps qui passe et le désir qui reste intact.Reflets du cinéma ibérique et latino-américain. Au Zola jusqu'au 19 mars


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