Cinq jours de Nuits

Festival / Jouez platines, résonnez samplers, le verdict toujours tant attendu de la programmation de Nuits Sonores est tombé. Et comme souvent avec ce festival, ça tombe dru et c'est épineux à résumer. On essaie quand même. Stéphane Duchêne


Ce qu'il y a de bien avec Nuits Sonores c'est que, comme le dit le dicton fétiche des horlogers et des portiers, chacun voit midi à sa porte. Ce qui permet à des publics disparates de piocher de quoi s'en coller plein les oreilles dans tout ce que l'électro et l' «indie» rock (vocable officiellement assumé cette année, il était temps) compte de sous-genres et de chapelles underground mais néanmoins ardentes. Cette année, après avoir rendu hommage à quelques grandes métropoles mondiales (Barcelone, Manchester, Paris, NY) au cours des éditions passées, la traditionnelle Carte Blanche du festival prend ses quartiers à Berlin. Étape incontournable eu égard à ce que la capitale allemande a donné à la culture en général et à la culture électro en particulier. La programmation ad hoc aura donc une saveur toute germanique qui mettra en vedette Apparat et surtout un concert événement au Transbordeur d'Einstürzende Neubauten, pionnier de la musique industrielle mené par Blixa Bargeld. En prime on aura même droit avec les Berlin Movies à toutes sortes de films du cru, entre clips musicaux, travail expérimental et grands classiques célébrant la cité berlinoise. Momies rockLes trois «Nuits» proprement dites, si l'on met à part la Nuit 2 consacrée au circuit électronique, accueilleront à l'ancienne usine SLI de Vaise des pointures telles qu'Underworld (Aaah ! Born Slippy, sur lequel toute une génération de Trainspotters et spotteuses en herbe a piétiné jusqu'à la phlébite), le godfather techno Jeff Mills, le hip-hop à part d'Anti-pop Consortium, ou le vibrant Roy Ayers. Sans oublier le combat des chefs qui opposera les deux Saints Patrons du festival Laurent Garnier et Agoria. Mais loin de ne s'intéresser qu'au défrichage des tendances bip-bip, le nez dans le buzz et les yeux collés à la platine, Nuits Sonores n'a pas son pareil pour déterrer quelques vieilles momies rock qu'on croyait mortes ou, au mieux, fracturés du col du fémur. À tel point que les petits événements rock vintage perdus au milieu de cette programmation faite de beats et de breaks, aiguisent tout autant l'intérêt. Après The Fall, Père Ubu, A Certain Ratio, Alan Vega ou Bush Tetras, Nuits Sonores nous sort de son chapeau rien moins que Mary Weiss, ex-chanteuse des Shangri-La's, groupe de quasi-fillettes 60's assez méconnu mais ô combien influent, jusque chez les punks. Mais aussi les Buzzcocks, le meilleur groupe punk de tous les temps (si, si), et Wire, le meilleur groupe post-punk de tous les temps, qui honore Nuits Sonores pour la deuxième fois. Rattrapage également pour le Heavy Trash de Jon Spencer après son faux-bond de l'an passé. Cette année, c'est promis, à Nuits Sonores, les bonds seront vrais, sur scène comme dans le public. NUITS SONORESDu 7 au 11 mai


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