Japon, mon amour

Entretien / Serge Dorny, directeur général de l'Opéra de Lyon parle sans retenue de son amour immodéré du Japon. Épris de toutes les richesses d'une culture si lointaine, il a conçu un festival à la mesure de sa fascination. Propos recueillis par Pascale Clavel


Petit Bulletin : Depuis cinq ans, vous avez créé le festival à l'opéra. Qu'apporte-t-il à une saison déjà bien remplie ?
Serge Dorny : C'est bon d'avoir une concentration d'activités parce que c'est un événement qui mobilise toute une maison : les équipes techniques comme les forces artistiques. Ce projet nous fait passer à une vitesse différente. Cela crée une dynamique dans la ville même. Quatre productions, c'est quasiment une vie quotidienne au cœur de l'opéra. D'où vient votre grande fascination pour la culture japonaise ?
J'ai une fascination pour le Japon et sa culture pour plusieurs raisons. D'abord pour le rapport que ces gens ont au temps. Le temps au Japon est tout à fait différent du nôtre. Ensuite, je suis séduit par la subtilité de cette culture, subtilité dans la simplicité. Que l'on regarde le Nô, le quotidien, la nourriture, on voit quelque chose d'extrêmement simple. Dans nos sociétés, nous cherchons souvent l'astuce. Au Japon, la subtilité est dans la simplicité. L'Occident a toujours eu une fascination pour ce pays parce que sa culture a longtemps été inaccessible.Comment avez-vous construit ce festival Japon ?
Il y a des pièces que j'aime énormément indépendamment d'un thème. C'est le cas de Curlew River de Benjamin Britten. De plus, je voulais faire une commande à Peter Eötvös et nous nous sommes mis d'accord sur un sujet qui nous passionnait tous les deux : une femme très importante au Japon : Lady Sarashina, poétesse du XIe siècle. Cette commande était également hors contexte. Enfin, il y a deux ans, j'ai demandé à Richard Brunel, dans le cadre du festival Kurt Weill, de faire Celui qui dit oui, celui qui dit non fondé sur le Nô. Et l'idée du festival Japon s'est construite presque malgré moi.


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