Glengarry

JAMES FOLEY Carlotta


On ne l'espérait plus, mais ça y est : cet excellent Glengarry est enfin disponible en DVD par chez nous. À l'origine, il y a une pièce de David Mamet, où cinq représentants en immobilier doivent sauver leur job (et leur peau) en se plaçant dans le top 3 des meilleurs vendeurs. L'adaptation de James Foley respecte à peu de choses près le huis clos imaginé par l'auteur, mais surtout sa langue magistrale. Car tout ici est affaire de «pistes», traduction française du terme anglais «leads», répété au moins 250 fois pendant le film. Ces pistes-là sont à la fois les fiches bristols contenant le nom des acheteurs potentiels, mais aussi l'élément déclencheur d'un polar sans meurtre mais ô combien plus violent puisqu'il interroge le darwinisme impitoyable du libéralisme sauvage. Il y a les forts — Roma, super vendeur tellement charismatique qu'il peut même bousculer un supérieur un peu trop rude avec les autres employés — et les faibles — Levine, vieillissant et accablé par la maladie de sa fille, qu'il tente en vain de joindre au téléphone. La compassion des uns pour les autres n'y changera rien ; la tragédie accomplie, chacun reprendra son téléphone pour vendre plus et ainsi «tuer» son voisin. Pour interpréter une partition pareille, il fallait un orchestre composé de très grand solistes : Alec Baldwin, Kevin Spacey, Ed Harris, Jack Lemmon et l'immense Al Pacino forment le casting parfait de cette œuvre inusable dont le rythme cool et jazzy ne dissimule jamais la nature dure et cruelle.CC


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