La Route

Le sujet de La Route n'est rien d'autre que la fin du monde, par Cormac McCarthy (L'Olivier)


Alors que son précédent roman vient d'être adapté par les frères Cohen avec le succès que l'on sait (No country for old men sort d'ailleurs simultanément en poche), l'américain Cormac McCarthy nous revient déjà avec un livre encore plus radical et abouti, plus noir aussi, puisque le sujet de La Route n'est rien d'autre que la fin du monde. La terre, dévastée par on ne sait quelle catastrophe, n'est plus qu'un gigantesque charnier, un tas de cendres et de ruines privé de la lumière et de la chaleur du soleil.
Dans cette grisaille glaciale, déambulent des survivants aux allures de spectres : parmi eux, un père et son fils, poussant un chariot rempli d'objets en tout genre, se dirigent vers le sud pour tenter de fuir le froid et la neige…
Autant le dire tout de suite : La Route est un roman tellement éprouvant que sa lecture demande parfois de reprendre son souffle. Cela faisait bien longtemps qu'un texte ne nous avait à ce point marqué, et cela tient autant aux thèmes du livre (la fin d'un monde, l'homme face au néant, la disparition de la nature humaine…) qu'au style de McCarthy, qui ne fait jamais dans le grandiloquent.
Son écriture, cinglante et dépouillé, donne à cette errance post apocalyptique une intensité de tous les instants en livrant également une réflexion profonde sur la paternité et la filiation, l'amour, l'espoir, les fragiles frontières entre le bien et le mal… Un style épuré qui permet aussi à l'auteur de Méridien de sang de poursuivre sa description du monde et des grands espaces, mais d'un nouveau monde, qui serait cette fois représenté «en négatif», caractérisé par ce qu'il n'est plus. Une réussite étourdissante ! YN


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