Absurdistan

Un conte moderne aux allures de fable politique, par Gary Shteyngart (L'Olivier)


On avait découvert Gary Shteyngart il y a deux ans avec la parution de Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes russes, un roman remarquable dans lequel ce jeune auteur russo-américain avait jeté les fondations de son univers : un style truculent, une imagination débordante, un humour bourré de causticité et d'ironie, le tout sublimé par un sens certain de la provocation et de la satire. On retrouve tout cela (et plus encore) dans Absurdistan, un conte moderne aux allures de fable politique dont le héros serait un savant mélange de Candide, de l'Idiot de Dostoievski et de Gargantua, puisque Micha Vainberg, pèse 150 kilos.
Fils d'un mafieux notoire qui se fait liquider dès le début du roman, Micha est un jeune homme riche et oisif, friand de vodka et de poisson frit, qui passe son temps à courir les orgies pour tromper son ennui et dépenser son argent.
Comme beaucoup de ses compatriotes, il rêve d'Amérique, d'autant qu'il y a laissé, lors d'un précédent voyage, sa jeune maîtresse (laquelle se trouve entre les mains d'un écrivain auteur d'un livre intitulé… Traité de branlette à l'usage des jeunes arrivistes !)
Pour tenter de trouver un visa pour les USA, il part dans un périple qui le mènera en Absurdistan, une république bananière contrôlée par les grandes compagnies pétrolières américaines.
L'occasion, pour un Shteyngart en pleine forme, de tirer tous azimut. Les magnats du pétrole, les oligarques russes, le cynisme généralisé, l'avidité des peuples, les manigances du pouvoir : tout le monde est dégommé par le style burlesque et corrosif d'un auteur qui serait une sorte de synthèse entre Woody Allen, Borat et Tolstoï… YN


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