Soyez sympas, rembobinez

de Michel Gondry (ÉU, 1h34) avec Jack Black, Mos Def…


Mike et Jerry, grands dadais coincés dans des corps d'adultes, squattent plus que de raison le vidéoclub décati du bon vieux monsieur Fletcher. Quand celui-ci confie la boutique à Mike, le pire ne tarde pas à arriver : suite à une péripétie improbable, Jerry se retrouve entièrement “magnétisé“ et efface malencontreusement toutes les bandes vidéos du magasin. Les deux comparses n'ont dès lors plus d'autre choix que de retourner eux-mêmes les films en location, avec les moyens du bord. Avec ce postulat de départ propice à de multiples fantasmes cinématographiques, Michel Gondry se joue de l'attente d'un spectateur avide de savourer les savoureux remakes cheap promis.
À l'image de ces morceaux de bravoure effectivement jubilatoires (Jack Black imitant Jackie Chan dans Rush Hour 2, tout un poème !), Soyez sympas, rembobinez ressemble à un objet comique d'un autre temps.
Conscient qu'il n'a plus rien à prouver en termes strictement visuels, Michel Gondry concentre ses efforts sur ses personnages, sur l'enthousiasme contagieux et la fièvre créatrice de ses deux héros improvisés metteurs en scène. Certes, les défauts du film (le rythme, en particulier) jouent contre lui sur la distance, son indécrottable candeur peut agacer, mais l'efficacité de son propos légitime ses faiblesses. Michel Gondry nous rappelle à quel point l'aventure cinématographique peut être fédératrice, et à quel point on gagne à se détacher de ses modèles pour construire sa propre vision. Merci l'artiste.

François Cau


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