Dans la vie

de Philippe Faucon (Fr, 1h13) avec Sabrina Ben Abdallah, Ariane Jacquot…


Cinéaste discret, Philippe Faucon avait surpris en s'attaquant à un sujet (la guerre d'Algérie) loin de ses préoccupations habituelles dans La Trahison. Un film ambitieux mais décevant, qui a visiblement laissé le réalisateur sur les rotules.Devenu son propre producteur, il a donc abordé Dans la vie comme un «premier film». Et, en effet, on y retrouve ce que l'on aimait dans Sabine ou Samia : un regard humaniste, simple et touchant sur des êtres qui se sont retrouvés, de gré ou de force, en marge de la société.
Hier, c'était une mère junkie, séropositive et prostituée, puis une jeune beurette en rupture avec les mœurs de sa famille ; aujourd'hui, Faucon opère la rencontre difficile entre Esther, une juive clouée dans un fauteuil roulant et Sélima, une mère arabe qui n'a jamais véritablement pris sa vie en main.
Il faudra franchir toutes les barrières, politiques, physiques et culturelles, pour que Sélima devienne la garde-malade d'Esther, et que leur relation, mélange de curiosité et de défiance, de tendresse et d'incompréhension, redonne à chacune le goût de la vie et le désir de s'affirmer.
Ce n'est pas grand-chose (le film dure à peine plus d'une heure, la réalisation n'a aucune autre prétention que d'affronter avec un maximum de vérité ses situations et ses personnages), mais le film fait beaucoup en montrant, avec un évident souci didactique et pédagogique, ce qui sépare mais surtout ce qui peut rapprocher ces deux êtres enfermés dans des vies qu'elles n'ont pas choisies.
Il réserve même quelques scènes inédites, comme ce cours de Français dispensé à des femmes âgées d'origine maghrébine, manière de signifier que l'intégration existe dans ce pays, à l'inverse des clichés médiatiques.CC


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