Le grand voyage


Biennale / Le compositeur Peter Eötvös qui vient juste de dévoiler au public lyonnais sa création mondiale Lady Sarashina poursuit sa route. Boulimique de sonorités en tout genre, il s'ingénie à faire entendre les musiques les plus diversifiées. Il faut le rencontrer, ne serait-ce qu'une fois, pour comprendre l'obsession artistique de cet homme : la curiosité gourmande des sons les plus simples comme les plus improbables.
Il revendique «un langage musical individualisé pour chaque partition» et son œuvre s'affranchit des contingences. Pour cette soirée en coproduction ONL, Grame et Les Grands Interprètes, Peter Eötvös a composé un moment musical à son image : une grande soirée orchestrale articulée autour de CAP KO, son concerto pour piano acoustique, clavier électronique et orchestre. En périphérie, gravitent des œuvres dont les compositeurs ont un rapport quasi charnel avec la Hongrie natale de Peter Eötvös. Quasi una fantasia du Hongrois György Kurtag est une œuvre concertante inspirée de la Sonate au clair de lune de Beethoven.
Traiettoria, œuvre de jeunesse de l'Italien Marco Stroppa, est considérée comme un concerto pour piano et orchestre où les sons synthétiques remplacent l'orchestre. Quant à Prométhée, poème de feu d'Alexandre Scriabine, créé en 1911, c'est tout simplement une œuvre extravagante.
L'auteur voulait un «clavier de lumière», il en sort un ovni musical visionnaire où mysticisme, philosophie et ésotérisme se côtoient.
Peter Eötvös en grand compositeur et chef d'orchestre, l'excellent Pierre-Laurent Aimard en pianiste percussif au toucher redoutable : la soirée s'annonce belle…Mais pourquoi donc aller chercher le chœur d'oratorio de Lyon qui a, hélas, souvent quelques faiblesses ? Pascale Clavel


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