� bord du Darjeeling Limited

publi� dans Cin�ma par Dorot�e Aznar le Mercredi 12 mars 2008

Apr�s �La Vie aquatique�, Wes Anderson raffine encore son art de la com�die pince-sans-rire avec un film ma�tris�, libre et touchant sous influence manifeste de la Nouvelle Vague. Christophe Chabert

Surprise ! En premi�re partie d'� bord du Darjeeling Limited, vous verrez un petit court-m�trage intitul� H�tel Chevalier, �galement r�alis� par Wes Anderson. Soit une chambre d'h�tel parisien o� un homme mutique et maniaque (Jason Schwartzman, qui n'avait pas vu son talent comique si bien servi depuis Rushmore du m�me Anderson) attend une femme (Natalie Portman, simplement sublime).
On peut consid�rer ce film bref et �clatant comme le sommet provisoire de la carri�re de Wes Anderson : le d�cor se pr�te � son jeu favori, le plan de coupe lat�ral o� l'on observe l'action comme si on regardait une maison de poup�e ou une sc�ne de th��tre.
L'utilisation r�p�t�e d'un tube ringard, les d�placements chor�graphi�s des acteurs, le recours au ralenti (a-t-on d�j� �crit que les ralentis de Wes Anderson sont les plus beaux du cin�ma mondial ?) et la m�lancolie �rotique qui se d�gage de l'ensemble donnent � cette miniature son charme irr�sistible.Mother India
Cet �avant programme� n'est pas sans rapport avec le �grand� film qui va suivre. Parce que le personnage principal du court devient un des trois h�ros du long mais surtout car H�tel Chevalier respire � plein nez l'influence de la Nouvelle Vague fran�aise, influence qui se retrouve en filigrane dans Darjeeling Limited, o� la majeure partie de l'action se d�roule un train sillonnant l'Inde.
On y voit trois fr�res en bisbille : l'un enrubann� apr�s un �trange accident (Owen Wilson), l'autre parano (Adrien Brody, qui r�ussit parfaitement son entr�e dans le cin�ma d'Anderson) et le dernier se r�vant en dragueur de wagon-lit (Schwartzman, toujours g�nial).
Le film, sur les rails de leur voyage spirituel, avance selon une libert� de ton qui se marie sans difficult� avec une mise en sc�ne pr�cise et ma�tris�e. Les n�vroses des personnages donnent lieu � des ballets de corps d�glingu�s et des gags pince-sans-rire impeccablement dos�s.
Peu � peu, Anderson cherche une harmonie dans cette suite de dissonances et de dissensions ; ces �tres engonc�s dans le ressentiment, prisonniers de l'image qu'ils ont d'eux-m�mes et de l'id�e qu'ils se font des autres, vont devoir sortir de leur cabine, laisser leurs valises derri�re eux, aller vers l'ailleurs tout en retrouvant leurs racines (un flash-back surprenant � New York, une magnifique rencontre avec Angelica Huston).
Anderson accompagne par sa mise en sc�ne le trajet de ses personnages jusqu'� cette sc�ne sublime o� ils mettront leur vie en danger pour sauver celle d'un enfant indien, s�quence r�aliste dans une �uvre � la th��tralit� revendiqu�e.
Sans renouveler sa surface, brillante, ni ses th�mes � le deuil, la filiation, la fratrie� Anderson apporte ainsi quelque chose de neuf � son cin�ma : un surcro�t d'humanisme et de profondeur.A bord du Darjeeling Limited. de Wes Anderson (EU, 1h47) avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman�

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