Sacré Bach


Classique / Avant même d'évoquer la soirée musicale consacrée à la Passion selon Saint-Jean, il faut faire un petit détour théologique éclairant. Qui fera le lien entre la date de ce concert et le Jeudi Saint ? Sans connaître le déroulement de la Passion du Christ, l'auditeur n'accédera pas complètement aux questionnements que renvoie ce magnifique feuilleton à rebondissements. Du dernier repas que Jésus partage avec ses amis, jusqu'à la Croix, en passant par son arrestation (un peu provoquée par Juda), par son jugement vite expédié par Pilat, par la foule hystérique qui demande sa mise à mort, Bach nous donne à entendre une histoire exceptionnelle. Le vendredi Saint 1724, sa Passion selon Saint-Jean ébranle les murs de la Nikolaikirche et avec les murs, tout l'auditoire. On sait que Bach est un homme imprégné d'une foi immense, un luthérien convaincu. Pour ce compositeur croyant, l'Evangéliste est un magnifique conteur, les récitatifs commentent réellement toutes les actions. Bach a la volonté d'illustrer de manière expressive tout instant, on est dans un pur moment de théâtre. Certains airs sont de petits bijoux contemplatifs – le célèbre es ist vollbracht (tout est accompli) de Jésus sur la croix- cependant que quelques chœurs sont de grandes fresques dramatiques, pensons au Kreuzige ! (crucifie-le !) vociféré par une foule avide de sang. Pierre Cao à la direction, son Chœur Arsys Bourgogne et l'ensemble instrumental Le Concert Lorrain sauront à l'évidence être dans le ton de Bach et tout à la fois proposeront une réflexion musicale et théologique des plus sensibles. Entendre Christoph Prégardien en Evangéliste, c'est déjà une expérience mystique : au fil de ses phrasés, le texte s'illumine.La Passion selon Saint Jean de J.S BachDirection : Pierre CaoÀ la Chapelle de la Trinité, jeudi 20 mars à 20h30


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«Une épopée moderne»