«Le plus proche possible des procédures policières»

Entretien / George P. Pelecanos nous parle de son dernier roman, Les Jardins de la mort (Seuil). Propos recueillis par YN Merci à Barney pour la traduction


Petit Bulletin : Le va-et-vient entre deux époques (1985 et 2005) vous permet de montrer l'évolution de Washington, la ville qui est le théâtre de tous vos livres…
George P. Pelecanos : C'est vrai. La ville a connu des changements considérables durant ces vingt dernières années. Le premier chapitre, situé en 1985, est une manière de mettre en place les personnages et d'interroger la façon dont ils vont évoluer par rapport aux mutations de Washington.On suit le destin de trois flics qui donnent différentes visions d'un même métier : l'idéaliste, le «fonctionnaire» et l'«ancien»…
Oui, mais c'est la combinaison de ces différentes approches qui leur permet de résoudre l'enquête.
Seuls, ils n'auraient certainement pas réussi à trouver les clés… Par ailleurs, je ne suis pas d'accord pour dire que Gus Ramone est un «fonctionnaire». Il est le seul des trois à pouvoir poser son arme et sa plaque en fin de journée pour se consacrer à sa vie personnelle. Je préfère considérer Ramone comme quelqu'un de solide, de stable. Et il n'est pas aussi droit qu'il le laisse penser : il est lui aussi capable d'enfreindre les lois !Votre livre est une fois de plus un savant mélange de réalisme et de romanesque…
J'espère bien ! Certains lecteurs sont prêts à oublier le caractère invraisemblable de nombreux polars, mais en tant qu'écrivain, je ne peux pas me le permettre… J'ai travaillé en collaboration très étroite avec la police criminelle pour écrire ce livre et les remarques que j'ai entendues sont plus riches et pertinentes que tout ce que j'aurais pu inventer.
Ce roman est le plus proche possible des procédures policières, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il doit être complètement sec. Comme toujours, la musique est omniprésente dans votre livre. Plus qu'une bande originale, elle constitue un véritable outil sociologique…
Oui, j'ai senti que l'usage de la musique, dans Les Jardins de la mort, était plus «organique» que tout ce que j'avais pu faire auparavant. J'adore l'ambiance des bars, en particulier lorsque les gars discutent de la musique qui s'échappe du jukebox. Ces conversations, qui sont sans fin, en disent beaucoup sur le caractère de mes personnages…


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