Math Sup Math Spé


La semaine dernière nous a offert un moment de «math cinéma» avec le ludique Crimes à Oxford (et la non moins ludique Leonor Watling), une histoire policière sur fond d'équations à plein d'inconnues. Cette semaine, le bac approchant à grands pas, l'algèbre est toujours au programme culturel avec cette fois le math rock des Californiens de Sleeping People. «Qu'est-ce que le math rock ?» demanderont les littéraires. C'est très simple : imaginez votre prof de math en Seconde au moment où elle énumérait des cascades d'algorithmes imbitables avec la frénésie solaire d'un prêtre maya. Repensez à l'ivresse qui vous saisissait alors, à cette sensation de vide sous vos pieds, et imaginez maintenant que l'on traduise ce vertige en musique : c'est le math rock. Rythmique complexe, notes atonales, embardées sonores ; le math rock doit beaucoup au rock progressif et le post-rock lui doit beaucoup. La difficulté étant alors de savoir jongler avec l'abstraction tout en conservant au rock sa saveur primale, sa capacité à envoûter la chair et à tailler le lard. En dépit d'un nom soporifique, Sleeping People réussit ce tour de force vivifiant. Particulièrement sur son deuxième album, Growing, où l'on croise notamment Rob Crowe de Pinback (ça vaut une lettre de recommandation) : le son de Sleeping People a beau être opaque comme une mise en équation, il sait prendre la tangente pour sortir du carcan des énoncés rigides, un travers du rock matheux. Relativement jeune, le groupe de San Diego se place d'ores et déjà comme un des futurs grands diplômés du genre. Un de ces francs-tireurs qui, en n'hésitant pas à faire valdinguer l'académisme, est capable d'époustouflantes démonstrations. Mais surtout, et c'est toujours rafraîchissant, de croiser les disciplines. Sleeping peopleAu Sonic le 6 avril (avec Doppler)«Growing» (Temporary Residence)


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