Mataharis

d'Iciar Bollain (Esp, 1h35) avec Najwa Nimri, Maria Vazquez...


Trois femmes appartiennent au même cabinet de détectives privés. Du senior esseulé désireux de retrouver un amour de jeunesse, à la multinationale souhaitant confondre les responsables de détournements de fonds, leurs missions empiètent fatalement sur leur vie privée.À cet égard, il ne faut pas s'attendre à un thriller d'espionnage, en dépit de ce que le titre du film et son argument scénaristique semblent promettre. Depuis ses débuts derrière la caméra, Iciar Bollain imprègne ses mises en scène de son passif de comédienne chez Victor Erice ou Ken Loach - une écriture rigoureuse, un attachement matriciel à ses personnages, au détriment de ses discrètes velléités formelles, encore une fois laissées sur le bas-côté.
De l'approche quasi documentaire de sa pré-production, la réalisatrice retient surtout l'étude de caractères de ces femmes catapultées de gré dans un univers majoritairement masculins (comme peut en témoigner le personnage du patron de l'agence, ouvertement caricatural).
C'est là où le film reste le plus efficace, comme pouvait l'être Ne dis rien avant lui : la description au cordeau de personnalités fortes, indépendantes, ayant à cœur de prendre leur destinée en main. Iciar Bollain frappe souvent juste, détourne habilement les clichés qu'elle aura pris soin d'instaurer, offre à ses trois actrices (la magnifique Najwa Nimri l'emporte d'une courte tête) les écrins idéaux pour des performances habitées.
Mais le dénuement de sa mise en scène comme l'absence dommageable de réels enjeux narratifs finissent à la longue par avoir raison de l'intérêt porté à ce regard cinématographique à la sincérité évidente.François Cau


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