Sommeil paradoxal

Opéra / Britten est à l'honneur cette saison à l'Opéra de Lyon et nous ne pouvons qu'applaudir. Comme il est bon d'être exposé aux univers suaves et mystiques d'une musique si singulière. Pascale Clavel


Juste après l'époustouflante production de Curlew River, ses ambiances sensuelles et folles où la musique s'étire, s'exprime en finesse, enveloppe avec tiédeur le propos, voici qu'il faut nous laisser aller au rêve. Le Songe d'une nuit été dans la mise en scène de Robert Carsen revient à Lyon. C'est en 1991, au festival d'Aix en Provence que cette production s'est fait connaitre. Elle a marqué les esprits pour toujours et au fil des ans le travail de Carsen n'arrive pas à vieillir.
Le Songe d'une nuit d'été est une adaptation réalisée par Peter Pears et Benjamin Britten de la pièce de Shakespeare. Créée en 1960, leur Songe est un véritable tour de force dramatique et musical qui met en valeur à la fois le génie du dramaturge et celui du musicien.
En effet, malgré quelques coupes, Pears et Britten ont scrupuleusement respecté le texte de Shakespeare. Le spectateur est plongé dans une œuvre à l'ambiance magique autour des jeux amoureux, il assiste, médusé, à un cocktail explosif d'amour, de magie, d'humour, de féerie.
L'intrigue est assez complexe : Trois couples se déchirent. Oberon, roi des Fées et Tytania, reine des Fées, Lysander et Hermia, Démétrius et Helena. Tout en voulant se réconcilier avec sa femme, Oberon va chercher à réconcilier tout le monde. Il se sert d'un fluide magique qui, versé sur les yeux d'une personne, la rendra amoureuse du premier être qu'elle verra.
Oberon est épaulé par Puck, un acrobate à son service. Ce dernier, par sa maladresse, va provoquer quelques situations confuses. Ainsi Tytania tombe amoureuse de Bottom, un artisan venu répéter une pièce avec plusieurs de ses collègues.
Après quelques péripéties, tout rentre dans l'ordre. Les amoureux sont introduits devant Thésée, roi d'Athènes, qui bénit leurs unions. Les artisans peuvent jouer leur pièce. Mais minuit sonne, c'est l'heure des fées et de l'amour retrouvé. Puck invite les spectateurs à applaudir.Rêve accompli
Avec le concours de Michael Levine aux costumes et aux décors, Carsen pose l'action dans un univers onirique : au lever du rideau, un immense lit s'étale comme un réceptacle du monde de l'illusion et de l'amour.
Un lit omniprésent comme lieu du rêve, du sommeil et de la passion tout à la fois. La sobriété du décor laisse la poésie et la musique s'installer dans un monde en bleu, vert et blanc.
Un univers sensuel, évanescent dans lequel théâtre et musique respirent et s'épanouissent. La distribution est d'une belle homogénéité avec Lawrence Zazzo dans la peau d'Oberon.
Il reprend là un rôle imaginé par Britten pour le seul Alfred Deller et interprété si longtemps et si puissamment par James Bowman. Le poids de ces interprètes-là doit être immense sur les épaules de Zazzo.Le Songe d'une nuit d'été de Benjamin Britten. Constantinos Carydis : direction. Robert Carsen : mise en scène.


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