Le mystère de Forêts


Théâtre / Une presse nationale unanime, un metteur en scène qui présente son projet avec la modestie du président de la SNCF annonçant son bilan pour l'année 2007, on s'attendait à ce que Forêts soit l'un des grands spectacles de la saison. Notre incompréhension est à la hauteur des attentes suscitées. Wajdi Mouawad se lance, nous dit-on, dans «une grande aventure épique qui traverse sept générations d'une même famille, du Canada jusqu'aux sources européennes, depuis la guerre de 1870 à la chute du mur de Berlin en passant par les guerres et les camps de concentration». Évoquer la grande histoire à travers les petites, certes on nous l'a déjà fait, mais là n'est pas vraiment la question. Outre le caractère éminemment scolaire de la pièce de Wajdi Mouawad qui avance avec de très gros sabots (un petit coup d'inconscient par ci, une bête immonde par là), l'interprétation discutable (la plus jeune des cinq femmes est une adolescente, donc une rebelle, qui passe logiquement son temps à hurler en arpentant la scène de long en large), il y a l'objet même de l'enquête, crédible et passionnante comme un épisode d'X Files. Un paléontologue (ne nous demandez pas pourquoi un paléontologue...) encourage la jeune Loup dont la mère succombe à une tumeur au cerveau à partir à la recherche de ses origines. Pourquoi la mère de Loup avait-elle un os dans le cerveau, s'agit-il du fœtus de son jumeau ou d'un morceau du squelette d'une petite juive morte dans un camp de concentration ? Saurez-vous tirer jusqu'à la fin des quatre heures pour le savoir, réussirez-vous à ne pas rire en voyant passer un comédien nu avec un couteau à la main censé représenter l'os... Nous, on n'a pas réussi. Dorotée Aznar Forêts Texte et ms Wajdi MouawadAu Théâtre Les Célestins, jusqu'au 12 avril


<< article précédent
Les fresques intimes de Mankiewicz