Danse avec la Sioux


Si on dénonce souvent le copinage et le favoritisme, il faut parfois reconnaître que de temps à autre il peut avoir du bon. Car en plus de venir présenter son très chouette album de folk pastoral, Alela Diane en profitera pour nous présenter, en guise de première partie et de choriste, sa très chouette (et très jolie) copine Mariee Sioux. Laquelle n'est d'après nos informations pas plus mariée que sioux. Elle n'en a pas moins des origines indiennes dont l'écoute de son album Faces in the rocks ne permet guère de douter. Un disque qui n'a rien à envier à celui d'Alela Diane (qui avoue lui devoir son look de squaw) et mérite sans aucun doute de connaître le même succès.

Habité par le souci animiste de dénicher le Grand Esprit sous le moindre caillou ou la moindre feuille morte, c'est-à-dire de chercher le Tout dans le souci du détail, Faces in the rock n'en est pas moins d'une simplicité évangélique : une guitare sous hypnose, de discrètes percussions, quelques flûtes et chœurs indiens pour attirer la pluie et bien sûr la voix de Mariee Sioux. Soit la grâce légère de Joni Mitchell, l'esprit ethnique de Buffy Sainte-Marie et ce qu'il faut de déviance éthérée pour approcher Joanna Newsom, autre copine des montagnes californiennes.

Au gré de chansons que certains trouveront répétitives se tisse alors une douce transe qui culmine sur les 9 minutes de Wild Eyes et son patchwork d'harmonies vocales. Fille d'un musicien de bluegrass (musique blanche par excellence) d'origine hongroise et polonaise et d'une indienne productrice de fleurs, Mariee Sioux cultive un folk qui, comme l'ont fait certains westerns modernes, se charge de réhabiliter l'héritage indien de la culture américaine. Et parvient, avec un souffle qui ne doit sa puissance qu'à la légèreté de ses danses de pluie intimes, à ériger le concept d'harmonie en totem musical. On espère de tout cœur qu'Alela Diane a plein d'amies de cette trempe-là à nous présenter.

Mariee Sioux
"Faces in The Rocks"
(Grass Roots Records/Socadisc)


<< article précédent
Travailler plus pour mourir mieux