Retours gagnants

On vous a déjà parlé d'eux et on vous en reparlera sûrement. Mais les très différents A Silver Mt. Zion et Kuta étant en concert à Lyon cette semaine, on en remet une couche. À ne pas rater. Stéphane Duchêne


Les enseignants et les curés le savent bien, transmettre c'est rabâcher. C'est pourquoi il nous arrive, au risque du radotage, de répéter à la moindre occasion que le groupe tartempion (c'est une image, aucun groupe ne s'appelle tartempion) vaut vraiment le coup qu'on éteigne sa télé ou sa console pour aller faire un tour à l'Epicerie Moderne, au Marché Gare, au Kao, à Grrrnd Zero ou ailleurs. On vous a souvent dit, donc, tout le bien qu'on pensait de A Silver Mt. Zion. L'an dernier, notamment, ou encore il y a deux mois, pour ce concert inoubliable avec Vic Chesnutt. Et les voilà déjà de retour avec 13 Blues for Thirteen Moons, dernier produit de leur artisanat. Information essentielle : sur cet album, le groupe s'est enfin mis sérieusement à chanter, conscient, comme le répète le guitariste Efrim Menuck, que son rock instrumental commençait à tourner en rond, même s'il n'est pas loin d'être le meilleur dans ce domaine (tremble Jean-Michel Jarre).
Mais comme on ne se refait pas tout à fait, les 12 premiers morceaux de l'album ne sont que de brefs interludes qui conduisent l'auditeur à se demander si on ne lui a pas refilé un CD vérolé. Puis vient le fracas du 13e morceau qui ouvre le bal de cet album de folk maudit et de rock tendu.
Toujours friands de morceaux aux allures de saga, A Silver Mt. Zion semble une fois encore avoir taillé l'ensemble en vue de ses longs concerts vibratiles. Le tour de grand huit est une fois de plus garanti, avec ses montées inexorables et ses descentes vertigineuses qui font un creux à l'estomac. On a beau trouver ça systématique, ça marche à tous les coups.Chercher le Garson
On doute que les fans hardcore d'A Silver Mt. Zion goûtent beaucoup la pop sophistiquée de Kuta, dont on vous avait signalé l'album A Home à sa sortie. Disons-le tout net, ils ont tort. Si en France, les musiciens talentueux ne manquent pas, ceux qui se font remarquer par un baron de la musique mondiale sont plus rares. Kuta le Niçois lui, a tapé dans l'œil (et surtout les oreilles) de Mike Garson, clavier historique de David Bowie et requin de studio vu chez les Smashing Pumpkins et NIN.
Un Garson qui s'est empressé de venir poser ses pattes sur cet album qui roule des yeux aimants à celui qu'on appelait Ziggy Stardust. Ce qui ne servirait à rien si Kuta n'était lui-même un orfèvre mélodique. Car le Niçois, c'est indéniable, sait composer des tubes amples aux atmosphères mousseuses. Mieux, il sait les chanter, d'une voix qui mêle Bowie, encore, et Matt Berninger de The National.
On se demande alors ce qui fait qu'un musicien aussi pétri de talent n'ait pas accès à la reconnaissance qu'il mérite. Devant tant d'injustice, on n'a pas fini de radoter. A SILVER MT. ZION - A Grrrnd Zero Vaise, vendredi 18 avrilKUTA + HANNAH - A la Fnac Part-Dieu et au Sirius, jeudi 17 avril


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