MERZ

Moi et mon camion (Grönland/Pias)


Dix ans maintenant que Merz est apparu discrètement sur la scène musicale mondiale. Dix ans qu'il poursuit son chemin en toute discrétion, en dépit d'une discographie impeccable et singulière. Grand voyageur (il a vécu en Afrique et en Mongolie, enregistré au Kazakhstan et en Amérique du Sud), Conrad Lambert, de son vrai nom, a expérimenté, en à peine deux albums, autant de genres qu'il a vu de pays. Avec une prédilection pour un genre d'électro-folk mutant qui n'appartient qu'à lui. Sa troisième livraison, intitulée Moi et Mon Camion (rapport à ses incessants déménagements), n'infirmera pas cette réalité. Merz y apparaît tel qu'en lui-même : l'un de ces orfèvres de la sophistication pop comme il y en a trop peu, et de trop peu connus (Richard Hawley, Richard Swift, The Shins…). L'un de ces trésors cachés qu'on hésite presque à présenter aux copains, de peur qu'ils ne les galvaudent parce que ça parle moins au cerveau reptilien que Coldplay. C'est que Merz et son camion magique marchent, ou plutôt roulent, sur les traces d'autres génies discrets tels Donovan (Moi et Mon Camion) ou Ray Davies (sublime Call Me, No Bells Left To Chime) avec lesquels il partage un timbre de voix de la douceur d'un chutney à la mangue. Guère de tubes, pourtant, sur cet album, ou alors qui s'ignorent tel Lucky Man, coincé entre les deux Paul pop : Simon et McCartney. Juste suffisamment de grâce pour remplir un semi-remorque et partir au bout du monde. SD


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