CHRIS GARNEAU

Music for Tourists Fargo/Naïve


La première fois qu'on a entendu Chris Garneau, la chanson s'appelait Love Zombies. Et comme on aime aussi beaucoup les zombies, surtout dans les films, on s'en est tout de suite fait un ami. Non sans l'avoir préalablement pris pour une énième manifestation de la schizophrénie musicale de Sufjan Stevens, à qui il ressemble de façon troublante. Comme Sufjan (dont l'une des plus belles chansons parle aussi de zombies), Chris Garneau n'a pas l'air seul dans sa tête. On y trouve même probablement l'équivalent d'un orchestre de chambre et même, dans les bons jours, quand personne ne regarde, un philarmonique. Celui-là même qui devrait étoffer son prochain album, déjà quasi prêt à l'emploi. Pour l'heure, sur Music for Tourists, Garneau dénude ses chansons, les baladant au piano de sa voix brisée, les abritant aussi parfois de violoncelle, d'harmonium ou de glockenspiel. Mais derrière cette façade qui semble parodier les bluettes pour midinettes philatélistes (Not Nice, naïf au dernier degré), les chansons de Garneau se révèlent bien plus sombres et complexes que ne pourrait l'indiquer une approche «en touriste» (Baby's Romance, sommet de baroque pop). Comme chez l'un de ses maîtres, Elliott Smith (dont il reprend Between the Bars), l'ensemble est certes encore un peu unidimensionnel, mais Music for Tourists comporte tellement de belles promesses (Castle-Time, Relief) qu'il ne reste plus à Garneau qu'à nous présenter la prochaine fois cet orchestre qui vit dans sa tête. SD


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