Deux jours à tuer

de Jean Becker (Fr, 1h25) avec Albert Dupontel, Marie-Josée Croze…


Deux jours à tuer est un document passionnant pour comprendre la psyché de son réalisateur, le controversé Jean Becker. Auteur de deux beaux films ces dernières années, Les Enfants du marais et Effroyables jardins, cet artisan modeste et parfois inspiré est aussi un auteur au pré carré exigu, qui quand il s'en écarte tombe carrément dans le ravin (rappelez-vous du très raté Un crime au paradis). Ainsi du début de Deux jours à tuer : le cadre travaillant dans la pub interprété par ce nouveau mercenaire du cinéma français qu'est Albert Dupontel, pète les plombs, quitte son job, dit ses quatre vérités à sa bourgeoise de femme (pauvre Marie-Josée Croze, on se demande ce qu'elle a fait pour mériter ça !) puis à ses hypocrites d'amis trop gauche caviar à son goût. Cette première partie, qui se voudrait féroce, sonne complètement faux — et pas seulement à cause d'un nombre impressionnant de faux raccords. La cruauté des dialogues et des situations est si forcée qu'on se demande quel chien enragé à mordu Jean Becker. La réponse vient ensuite : en fait, Becker est un vrai gentil (et donc, par extension, un faux méchant) ; son jeu de massacre cachait un secret inavouable (surtout par nous, critiques) qui désamorce cette entrée en matière laborieuse.
Le film peut commencer, un peu tard certes, mais avec de belles idées, jusqu'à nous avoir à l'émotion lors de ses dernières minutes. Il prouvera aussi aux détracteurs de Becker que ce n'est pas la France éternelle et campagnarde qu'il chante de films en films, mais un rapport sincère et touchant à la nature, qu'elle soit au fin fond de la Drôme ou dans les beaux paysages irlandais.CC


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