Le beau bizarre


Musique / Entre albums sortis en plusieurs versions et rééditions il est parfois difficile de se retrouver dans la discographie du fantasque Hawksley Workman. Tout comme il n'a jamais été simple de se repérer dans la brume stylistique où le Canadien a toujours navigué. Parfois un peu à vue, il faut bien le dire, entre grand guignol pop et cabaret frappé. En cela, on pourrait le rapprocher d'un autre canadien, Rufus Wainwright : même appartenance à la catégorie de ces popeux lyriques qu'un critique taquin qualifia un jour de «castafiottes», et même difficultés à dompter un talent qui a une fâcheuse tendance à s'exprimer tous azimuts. Dans le cas de Hawksley Workman, cela a donné de beaux albums comme The Delicious Wolves ou Before We Were Security Guards. Cela a pu également fatiguer, comme sur Lover/Fighter, taillé dans le pompiérisme de stadium à tendance putassière. Ses concerts sont à l'avenant souvent assez fantastiques mais parfois épuisants à force de cabotinage ; l'intéressé s'avérant aussi à l'aise pour retourner la scène du Kafé comme si c'était Wembley que pour embraser l'Olympia en un pas de danse. L'animal s'était, il est vrai, calmé sur l'épuré Treeful of Starling où s'exprimaient un trop plein d'angoisses existentielles. Mais avec Between the beautifuls, sorti au début de l'année, il revient en pleines forme et possessions de ses (nombreux) moyens. Et loin de succomber à la tentation de l'autosatisfaction continue d'explorer toute les voies (et toutes les voix) possibles de son art.
Car s'il y a une chose qu'on ne peut reprocher à Hawksley Workman c'est sa générosité dans l'effort. La preuve, ces jours-ci, avec la sortie en Europe exclusivement (sauf en Angleterre, histoire de faire simple) de Los Manlicious, son nouveau… nouvel album. SDHAWKSLEY WORKMANAu Marché Gare, lundi 19 mai«Between the Beautifuls» (Universal)


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