Les artistes ont aussi un cerveau

Entretien /Jean-Louis Maubant fondateur de l'IAC et commissaire de l'exposition anniversaire Ambition d'art. Propos recueillis par JED


Petit Bulletin : Quel est le contexte de la création du Nouveau Musée/ Institut d'art contemporain en 1978 ?
Jean-Louis Maubant : C'est une époque où les structures d'art contemporain étaient un peu à la traîne par rapport aux autres modes d'expression comme le théâtre, la musique... En 1977 arrive le Centre Pompidou qui provoque à la fois des frustrations et des projets. Le Nouveau Musée est l'un de ces projets, avec le CAPC de Bordeaux et le Consortium de Dijon.Quel est le fil conducteur de l'IAC depuis 30 ans ?
Faire des choix subjectifs, certes, mais garder toujours une part d'objectivité, objectivité au sens où chaque artiste exposé a été étudié, suivi, écouté par l'équipe du musée. L'institut n'est pas un simple parking. L'intitulé même «d'institut» indique que l'art, comme la littérature ou la musique, ça se travaille. Sinon on tombe dans l'émotionnel et puis très vite dans la sensiblerie. Je pense que la véritable fonction de l'artiste est sociale, et non pas thérapeutique, ni décorative, ni symbolique. L'art fait réfléchir, pose des questions et renvoie aussi, plus simplement, à ce qu'on est et à la société au sein de laquelle on vit. L'idée bourgeoise d'avoir son artiste comme on a son mendiant m'a toujours été insupportable ! L'idéologie dominante a été et est encore souvent que l'artiste a un œil, une main et des tripes, mais on ne dit jamais qu'il a aussi un cerveau.Si vous aviez trente ans aujourd'hui, que feriez-vous pour faire bouger les lignes ?
Je ne sais pas exactement, mais je pense qu'il est toujours possible de faire quelque chose avec les mêmes envies et que ce n'est qu'une question de convictions. On se plaint actuellement beaucoup de l'art-business ou paillettes, mais je pense que cette facette (parmi d'autres) de l'art a toujours existé sous différents modes. L'art a toujours eu un certain rapport à l'argent, au spectacle, à la comédie, aux mondanités... Le tout pour une structure est de regarder l'art et non pas le monde de l'art. Une œuvre d'art est constituée à 50% de pensée, et à 50% de portée plastique forte.


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«Une approche instinctive et poétique de la création»