«Mon travail, c'est de contredire la fatalité»

Entretien avec Fabien Verschaere Propos recueillis par JED


Petit bulletin : À Lyon, on vous a découvert avec des installations-environnements et même tout un «hôtel» au MAC... On retrouve dans vos dessins à la galerie Métropolis votre univers, certains personnages : est-on toujours dans la continuité d'une histoire mi-biographique mi-imaginaire, d'un conte qui se suivrait de pièce en pièce ?
Fabien Verschaere : En fait mon travail est une continuité de bout en bout, c'est-à-dire que chaque exposition est une suite de ma propre histoire, les références de mes voyages, de mes expériences et de mes rencontres ; ainsi toutes les oeuvres ne sont que des métaphores fondées sur ma propre vie, elle sont mi-mythologiques mi-quotidiennes, à la manière d' un "fairy diary"Vous semblez travailler dans l'urgence, l'intuition, l'improvisation...
Oui ce sont des jets comme des bombes à retardements avant mes grandes installations et en même temps j' ai un énorme respect pour la pratique du dessin qui est pour moi le seul témoignage sincère de notre époque de par le médium et la radicalité du traitement. Le dessin, c' est ma pensée, c'est la médiatisation de mon état sur l'instant comme un fétichisme de ma propre situation, on parle toujours de sa condition quand on est dans l'urgence.On ressent souvent comme un cri de révolte dans vos oeuvres... révolte contre qui, contre quoi ?
Contre la fatalité ; je déteste le hasard, mon travail c'est de contredire la fatalité, d'aller au-delà du chrétien, de ne croire qu'en sa propre mythologie, celle que l'on construit jour après jour, grâce à l' exaltation de l' altérité, échanger et écouter ce qui nous entoure.Pourriez-vous dire quelques mots en particulier sur la toile "Blue Parade" ? Qui sont tous ces personnages autour de cette sorte de sexe féminin arborescent ?
Cette toile est à part, j'ai fait très peu de toiles en couleur de ce format. J' ai construit la toile autour de corps simples, puis j'ai travaillé les visages comme des masques de carnaval, pour donner naissance à une comédie humaine qui serait le reflet du jeu de cache-cache de notre société ; j'aime le fait que l'on puisse être quelqu'un d'autre, c'est ce qui m'a inspiré cette image d'une schizophrénie poétique.


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Miroir, mon beau miroir