Soleils Noirs

Musique / Nouveau festival en vue à Lyon, sous la houlette du collectif Under a Big Black Sun. Au programme : gros son garage, hardcore non dénoyauté et, cerise sur le gâteau, un popeux talentueux. Stéphane Duchêne


Sur l'arbre sexagénaire du rock n' roll, les vieilles branches ont encore de beaux restes. La semaine où Neil Young vient rocker la Halle Tony Garnier, alors même que Philippe Manoeuvre vient de tirer, pour cette année du moins, la révérence de sa résurrection médiatique, tombe également le Black Sun Festival. Derrière ce «Soleil Noir», une association qui se présente comme «old-school». Entendre par là que ses membres ne sont pas des perdreaux de l'année, plutôt de «vieux» activistes de la scène rock lyonnaise et de ses ramifications. Cela fait un moment déjà que l'association Under a Big Black Sun, c'est son nom, organise des concerts en cité lyonnaise, old-school certes, mais aussi et surtout portés sur les décibels et les générateurs d'acouphènes. C'est à eux que l'on devra notamment en juillet le passage à Lyon des Thugs, mythique punk rockers français nouvellement (et très provisoirement) reformés. Cette fois-ci, deux soirs durant, le gros son sera essentiellement américain. Et estampillé rock vintage : avec notamment The Adolescents, qui firent les belles heures du punk hardcore et de White Castle en Californie durant les années 80. Bon ados, The Adolescents, l'étaient dans les années 70 et on pourrait penser à les rebaptiser the Middle-Aged. Mais leur musique semble toujours aussi fraîche que quand ils menaient la première vague skate-core. Ils seront accompagnés le premier soir des Orléanais de Burning Heads et les Lyonnais de Lost Boys Sur-pop
Le gros morceau sera néanmoins pour le lendemain avec la venue combinée, en plus d'autres lyonnais à suivre (d'après les organisateurs), The Butt Shakers, de Kelley Stoltz et des Dirtbombs. Dans la grande tradition de Motor City (MC5, Mitch Ryder, The Stooges), les Dirtbombs sont de dignes représentants du rock soul de Detroit, ce rock remuant souvent déclamé d'un débit désabusé (voire carrément d'un débit de boisson). Au départ, les Dirtbombs, menés par Mick Collins, ne sont censés enregistrer que des singles, dans le culte de l'urgence punk et garage. Mais finissent tout de même par enregistrer des albums. Quant à Kelley Stoltz, il devrait faire figure d'intrus de ce festival. Car s'il est punk c'est uniquement parce qu'il a signé sur le label Sub Pop qui fut en son temps l'auberge espagnole du grunge. Pour le reste, Stoltz fait plutôt dans la sur-pop sophistiquée telle qu'on la pratique en Californie du Nord (il vit à San Francisco). Mais celui qui a la particularité d'avoir entièrement repris l'album Crocodiles d'Echo & The Bunnymen, intelligemment rebaptisé Crock-O-Dials, traîne un peu une réputation d'éternel espoir, sans pour autant parvenir, à conclure avec le succès. Ce qui est souvent le lot des touche-à-tout au talent trop éparpillé pour saisir la hype. À suivre tout de même.FESTIVAL BIG BLACK SUNÀ Grnd Zero VaiseLes mardi 23 et mercredi 24 juin


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