Casino royal

Cinéma / Deux films sur très grand écran et en plein air aux Nuits de Fourvière : «The Wall» d'Alan Parker et «Casino» de Martin Scorsese. CC


On garde des souvenirs émus des projections sur l'écran immense tiré devant la scène du grand théâtre romain : celle de la version redux d'Apocalypse now ou encore le raccord sublime entre les vieilles pierres de Fourvière et les arènes sanglantes du Gladiator de Ridley Scott… Le cinéma, art encore jeune (110 ans, à peine plus que Manoel de Oliveira) gagne une dimension certaine au contact de ce site antique.Entre le mur
Cette année, Les Nuits de Fourvière (en partenariat avec l'Institut Lumière) propose deux films à l'aura incontestée, même si leur valeur, en revanche est contestable. Ainsi de The Wall, le film qu'Alan Parker a tiré de l'album de Pink Floyd. Déjà, quitte à se prendre une volée d'injures, disons que ce Floyd sagement pop, n'a rien à voir avec celui psychédélique et bougrement plus aventureux des années 70. Ensuite, le film est d'une ambiguïté folle sur la forme comme sur le fond. La forme : Parker illustre les chansons comme une suite de clips, avec des séquences en animation (les plus frappantes) et d'autres en prises de vue réelles baignées dans une imagerie très marquée par une époque tape-à-l'œil, plus proche des campagnes Benetton que du free cinema. Quant au propos, on ose espérer qu'Alan Parker n'explique pas la naissance d'un fasciste par une mère abusive et un père mort à la guerre, qu'il ne confond pas la trinité sexe, drogues et rock'n'roll avec un chemin de croix christique. On espère, mais on n'en est pas sûr !La passion version Vegas
En matière de métaphores gonflées, on préfère celle de Scorsese dans Casino. Tout est dit dans le générique, où Ace Rothstein (De Niro, monstrueux), bookmaker de génie, control freak et parvenu de la nébuleuse mafieuse, explose en démarrant sa voiture. Son corps se transporte ensuite dans les flammes de l'enfer et les néons de Las Vegas au son de la Passion de Bach. Il avait dit juste avant : «Quand on aime quelqu'un, on doit lui faire confiance, on doit lui donner les clés de tout ce que l'on a. Ou alors, à quoi bon ? À une époque, j'ai cru que c'était le genre d'amour auquel j'étais parvenu.»
Doit-on en dire plus ?


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