Siri Hustvedt Elégie pour un américain

Actes sud


Il va peut-être falloir s'habituer à dire que Paul Auster est le mari de Siri Hustvedt, et non plus l'inverse. Alors que l'auteur de L'Invention de la solitude semble en perte d'inspiration, son épouse, elle, confirme avec Elégie pour un Américain qu'elle est bien une romancière hors norme, ce qu'elle avait d'ailleurs largement prouvé avec son superbe précédent roman, Tout ce que j'aimais (désormais disponible en poche). Dans ce dernier, les personnages étaient critiques d'art ou peintres plasticiens. Dans Elégie pour un Américain, ils sont psychanalystes, écrivains, philosophes ou photographes. Dans les deux cas, Hustvedt nous mène au cœur d'un milieu qu'elle connaît bien, celui des intellectuels new-yorkais un rien blasés qui ne savent plus comment se situer face à l'évolution du monde et d'une société américaine marquée par le 11 septembre et l'invasion de l'Irak par les troupes yankees. C'est le cas d'Erik et Inga, qui sont de retour à New York après l'enterrement de leur père, Lars Davidsen, un immigré norvégien venu s'installer dans le Minnesota après la Seconde Guerre mondiale. Une histoire familiale très proche de celle de Siri Hustvedt, qui mêle ici l'entreprise autobiographique à l'auscultation de l'histoire américaine de la seconde partie du XXe siècle. Roman très romanesque, aux personnages profonds et incarnés, Elégie pour un Américain est un livre qui sait allier le plaisir de raconter (donc de lire) à une volonté farouche de réflexion et d'ébranlement de la conscience.
YN


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