My name is Hallam Foe

De David MacKenzie (GB, 1h35) avec Jamie Bell, Sophia Myles…


Ado complexé et introverti, Hallam Foe cultive ses névroses en espionnant son entourage, persuadé que la nouvelle épouse de son paternel est responsable de la disparition de sa mère. Foutu à la porte de ce nid familial dont il s'est rendu indésirable, il trouve refuge sur les toits d'Edimbourg et dans le giron de l'attachante Kate, qui n'est pas sans lui rappeler quelqu'un…
Si l'on restait sceptique devant la singularité auteuriste pesante de son Young Adam, la nouvelle réalisation de David MacKenzie explose très rapidement nos réticences par sa conséquente somme d'audaces. Voilà en effet une œuvre qui mélange avec un rare bonheur comédie dramatique, chronique familiale aux résonances œdipiennes dérangeantes, et thriller psychanalytique, le tout sur fond de discours social convaincant ! La forme, d'une fluidité exemplaire, se charge d'apporter cohérence et pertinence au périple initiatique de son héros, moteur cahotant d'un récit à la complexité dûment maîtrisée.
Hallam Foe nous émeut, nous fait rire, nous choque, nous excite, nous répugne, nous bouleverse. Jamie Bell, dans le rôle-titre, parvient enfin à nous faire oublier Billy Elliott au profit d'un personnage autrement plus puissant et tangible. Et David MacKenzie, par sa parfaite appréhension du matériau littéraire (signé Peter Jinks) dont il s'empare, signe en quelque sorte la réponse britannique au Juno de Jason Reitman : un film tournant autour d'un ado cynique, désabusé, marqué par la vie, mais dont la catharsis se fera au prix de confrontations souvent cruelles, sans concessions poseuses. Dans la myriade de films envoyés au casse-pipe des sorties estivales, cette œuvre singulière tire notablement son épingle du jeu.
François Cau


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