Martin à la page ?


Musique / Il y a quelques années, on pensait que le titre d'héritier d'U2, c'est-à-dire de nouveaux barons du rock de stade, était acquis à Radiohead. Mais Radiohead s'étant barré dans les limbes (un rien pénibles) de l'abstraction, c'est Coldplay qui a hérité du sceptre en forme de porte-voix. De Coldplay, on a beaucoup moqué les mélodies sirupeuses et le romantisme neuneu, le chanteur un peu fadasse, Chris «Mr Gwyneth» Martin, ou l'étiquette «rock équitable» (comme Bono, Martin est très «engagé»).
Conscient de cette image trop lisse, qui ne l'empêche pas de vendre des cargos entiers de disques, le groupe a décidé de se patiner un peu à l'occasion de la sortie du récent Viva La Vida or Death And All His Friends (le port promotionnel de la veste militaire débraillée et customisée façon «bad boy scout» en est la preuve) : d'une part, Chris Martin ne cesse d'affirmer à longueur d'interviews que sous ses airs de gendre idéal bouffeur de soja, il est salement torturé. D'autre part, le groupe a eu le nez de confier la réalisation de Viva La Vida au sorcier Brian Eno, inventeur de la musique d'aéroport mais aussi metteur en son de Roxy Music, Talking Heads, de la trilogie berlinoise de Bowie ou encore des albums audibles de… U2. Un Eno qui a visiblement fait son office puisque Viva La Vida connaît quelques noires envolées et autres fines orchestrations. Pour autant, le romantisme benêt du groupe transparaît toujours sur une pochette reprenant La Liberté guidant le Peuple de Delacroix. Le tableau ayant orné les billets de 100 francs français et les timbres poste, on ne sait donc s'il faut y voir la marque d'un nouvel «album tiroir-caisse» ou celui d'un groupe finalement plus timbré qu'il n'y paraît.
Stéphane DuchêneColdplay
À la Halle Tony Garnier
jeudi 4 septembre
«Viva la Vida or Death and All His Friends (EMI)»


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