Danse à deux temps

Danse / La Biennale de la danse fête ses 25 ans et, à cette occasion, effectue un «Retour en avant». Un saut dans le temps pour le moins carpé et paradoxal, rappelant que toute création novatrice prend racines dans une mémoire et une histoire, et promettant par ailleurs une fort belle édition… Jean-Emmanuel Denave


La 13e Biennale de la danse rassemblera 600 artistes et 42 compagnies issus de 19 pays pour une cinquantaine de spectacles (dont 15 créations et 9 premières en France). Et espère attirer quelque 85 000 spectateurs ! Aimé ou critiqué pour son éclectisme artistique, le festival reste, quoiqu'il en soit, l'un des événements chorégraphiques majeurs au plan international. Après un quart de siècle d'existence et de succès public, la Biennale se penche sur son passé et, surtout, sur l'histoire récente de la danse contemporaine.
Son titre «Retour en avant» est emprunté à une pièce du chorégraphe lyonnais Michel Hallet Eghayan présentée lors de la première Biennale en 1984. La pièce sera «recréée» pour l'édition 2008, c'est-à-dire modifiée et actualisée en fonction de l'évolution du chorégraphe, des enjeux artistiques d'aujourd'hui, des transformations techniques et esthétiques de la danse… L'idée de recréation constitue d'ailleurs l'un des axes essentiels de la Biennale 2008 qui compte au total six recréations d'œuvres du répertoire contemporain : la reprise par le Ballet de Lorraine des Petites Pièces de Berlin du regretté et génial Dominique Bagouet ; l'étonnante transmission du très féminin solo de Carolyn Carlson, Blue Lady, au chorégraphe et danseur finlandais Tero Saarinen ; la reconstruction par Suzanne Linke de Schritte Verfolgen, solo autobiographique d'inspiration expressionniste qui se métamorphose vingt ans plus tard en quatuor ; les Miroirs de vie du Legend Lin Dance Theatre ; et la recréation très attendue de la pièce avant-gardiste d'Anna Halprin, Parade & Changes, qui défraya la chronique aux États-Unis dans les années 1960 avec ses interprètes nus.Tout retournés
L'idée de mémoire se décline encore sous d'autres formes avec la programmation de pièces de danses traditionnelles (le flamenco de Rafaela Carrasco ou la danse indienne de Madhavi Mugdal & Alarmel Valli), plusieurs spectacles titillant l'histoire politique (Serge Aimé Coulibaly se remémorera les grandes figures progressistes de l'Afrique, la chorégraphe chinoise Wen Hui se penchera sur la Révolution Culturelle, Ong Ken Sen sur le régime des Khmers Rouges et la compagnie Sociedade Masculina sur le mouvement tropicaliste brésilien…), d'autres pièces encore puisant leur inspiration parmi les grandes pages de la littérature (Angelin Preljocaj adapte Blanche-Neige, Maguy Marin s'appuie sur le De Natura Rerum de Lucrèce, Anou Skan relit L'Enéide de Virgile…). Au-delà, la Biennale 2008 sera l'occasion de découvrir quelques jeunes talents prometteurs (Pierre Rigal, Fabrice Lambert, Ted Stoffer, la Cie Chatha…) et de retrouver moult grandes figures de la danse comme Montalvo&Hervieu, Angelin Preljocaj, Wayne McGregor, Anne Teresa de Keersmaeker, Ronald K. Brown, Maguy Marin, Carolyn Carlson… Une édition pour le moins alléchante !Biennale de la danse «Retour en avant»
du 6 au 30 septembre


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