«Tout à inventer»

Entretien / Mourad Merzouki, «artiste associé» de l'édition 2008 de la Biennale de la Danse. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Petit Bulletin : C'est la première fois que la Biennale fait appel à un artiste invité. Quelles sont exactement vos fonctions ?
Mourad Merzouki :
C'est effectivement la première fois que Guy Darmet fait appel à un artiste invité. L'avantage c'est qu'il y a tout à inventer. L'inconvénient, c'est que si je me loupe on va se demander à quoi sert un chorégraphe invité… Concrètement, j'ai essentiellement trois missions lors de cette Biennale : réfléchir au Défilé, présenter ma création et proposer au public de découvrir un artiste «coup de cœur».Quel a été votre travail sur le Défilé de la Biennale ?
Je voulais réfléchir à quelque chose de différent. D'habitude, il y a un chorégraphe pour une ville et mon impression était que l'on ne comprenait pas tout (même si on en avait plein les yeux). Je voulais créer une sorte de «refrain», un fil conducteur, comme dans une chanson. J'ai donc balisé le parcours du Défilé avec des «pointillés», des textes et des musiques qui reviennent régulièrement.Vous créez également une pièce avec une compagnie brésilienne.
Oui, Guy Darmet m'a demandé de travailler avec les danseurs de la Companhia Urbana de Dança. La création s'appelle Agwa et je l'ai imaginée pour ces danseurs qui sont très «physiques», très énergiques, ils transpirent beaucoup et cela m'a paru pertinent d'imaginer une pièce autour du thème de l'eau. Ces danseurs ne sont pas tous des professionnels ?
Il y a onze danseurs au total dans ce spectacle. Certains sont des professionnels, d'autres non, mais ils viennent de la culture hip-hop. Nous avons répété à Rio et les conditions de travail n'étaient pas simples mais finalement, on a réussi à les faire venir à Lyon. J'ai voulu que cette pièce soit surprenante et se départisse des clichés Rio égal du soleil, du vert et du jaune, de la musique brésilienne… La scénographie s'organise simplement autour de gobelets et d'un seul litre d'eau.Vous parliez d'un chorégraphe «coup de cœur», qui avez-vous choisi ?
Il s'agit de Frank Micheletti. Son travail n'a rien à voir avec le hip-hop mais j'aime ses prises de risque, sa volonté de mélanger les genres. Il présentera Kubilaï Khan Investigations en avant-première
au Polaris à Corbas et ensuite à l'Espace Albert Camus à Bron.


<< article précédent
Manipulation