J'♥ les acteurs

People / Cinq spectacles vont mettre à l'honneur quelques-uns des plus grands acteurs français : Bacri, Torreton, Galabru, Gamblin, Morel et Luchini. Christophe Chabert


Si vous voulez voir deux acteurs en état de grâce, il ne faut surtout pas louper cette saison la reprise de Blackbird aux Célestins. Le duo Léa Drucker/Maurice Bénichou y éclabousse littéralement un spectacle formidable, mis en scène avec une intelligente discrétion par Claudia Stavisky. La même Claudia Stavisky tentera de renouveler l'exploit avec sa version d'Oncle Vania, le chef-d'œuvre de Tchekhov, où deux comédiens remarquables se partageront l'affiche : Jean-Pierre Bacri et Philippe Torreton. Si le second a l'habitude des planches (on se souvient de sa prestation en Richard III), Jean-Pierre Bacri n'avait guère eu l'habitude ces dernières années de se produire au théâtre (sinon dans le Schweik de Martinelli en 2005). Créé à Paris en mars, cet Oncle Vania occupera la grande scène des Célestins du 27 mai au 26 juin. Il y a quelques années, Claudia Stavisky (encore !) avait monté un Minetti décevant avec un Michel Bouquet il est vrai impressionnant. Cette saison, c'est André Engel qui relève le challenge d'adapter le texte très cruel de Thomas Bernhard, dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre National Populaire (au Studio 24 du 18 au 28 mars). Pour incarner le personnage-titre, Engel a fait appel, deux ans après leur Roi Lear commun, à Michel Piccoli, pour un spectacle qui devrait lui aussi faire l'événement en 2009.Deux inclassables et deux monstres sacrés
On n'est pas près d'oublier le discours hilarant de Michel Galabru recevant, (enfin !) un Molière pour son rôle dans Les Chaussettes opus 124 (repris au Radiant les 13 et 14 janvier). Un Galabru évoquant sans détour les «mauvais rôles» et les «navets» acceptés pour «nourrir les enfants»… Trop modeste, l'ami Michel, qui nous avait prouvé, il y a deux ans lors d'une interview mémorable son intelligence de comédien et son incroyable érudition théâtrale… François Morel et Jacques Gamblin face-à-face sur scène ? A priori, la rencontre entre un ex-Deschiens devenu un acteur capable de réconcilier music-hall et réalisme poétique (voir sa prestation dans le futur Faubourg 36) et un comédien aussi à l'aise dans la légèreté mélancolique que dans la gravité torturée (souvenez-vous de sa magnifique performance de flic névrosé dans la série Les Disparues) n'allait pas de soi. Mais Les Diablogues de Roland Dubillard, «dialogue de sourds» à l'absurdité revendiquée, est le projet rêvé pour ces deux attachants inclassables (au Radiant les 23 et 24 mars). Pour finir, on ne peut que saluer le retour, seul en scène, de Fabrice Luchini pour un spectacle intitulé Le Point sur Robert (du 23 au 25 octobre à la Bourse du Travail). Luchini est aujourd'hui le seul acteur capable d'amener à un public populaire des textes de Roland Barthes ou de Chrétien de Troyes (au menu de ce nouveau spectacle), comme il le fit autrefois avec Nietzsche ou Céline. Un exploit que l'on ne manquera pas d'aller saluer…


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